Quand la Nouvelle-Zélande s’inspire d’autres modèles d’élevage

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Quand la Nouvelle-Zélande s’inspire d’autres modèles d’élevage

Jeff Gould installe une conduite atypique en Nouvelle-Zélande. Il estime que d’autres éleveurs s’inspireront de son orientation pour développer leur production.

Installé depuis dix ans à la tête de son élevage, Jeff Gould s’est inspiré de ses expériences en Australie et au Canada pour construire sa stratégie. Il illustre la diversité croissante de la production laitière de Nouvelle-Zélande.

La rédaction d’Entraid vous emmène à travers une quinzaine d’articles à la découverte de la production laitière Nouvelle Zélande. Un voyage d’étude rendu possible grâce à notre partenaire Agrilys spécialisé dans l’organisation de voyage d’étude professionnel à l’étranger. Suivez notre journaliste en visite en exploitation laitière Nouvelle Zélande. Cliquez sur le lien suivant pour voir le sommaire et l’intégralité des articles traitant de l’élevage laitier.

Des initiatives prises en Australie et au Canada au cœur de la stratégie de l’élevage laitier Nouvelle Zélande de Jeff Gould

Au milieu du corps de ferme de Jeff Gould, la sensation est surprenante. Bel et bien plantés sur la plaine du Canterbury, en Nouvelle-Zélande, les installations, leurs équipements, ressemblent plus au décor des unités d’élevage à 13.000km plus au nord-est ou à 17.000km vers le nord-ouest, qu’à celui des troupeaux voisins de quelques centaines de mètres. D’ailleurs, c’est aux USA et en Europe que Jeff Gould trouve la génétique qui l’intéresse pour le développement de son troupeau de 1130 vaches. Il lui donne pour objectif d’atteindre une production laitière de 600kgMS/VL/an, sachant qu’aujourd’hui, il est à 550kg et la moyenne nationale à moins de 380kg.

Alors que les issues du croisement kiwi (la moitié du cheptel laitier national) sont reconnues pour leur aptitude à valoriser l’herbe, Jeff préfère s’orienter vers la frisonne Holstein pure (1/3 de l’effectif national) qu’il juge « plus adaptée à la conduite en bâtiment et avec de la nourriture stockée ».

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Dans un pays secoué par 2.000 séismes par an, les bâtiments d’élevage de cette ampleur sont assez rares. Celui-ci représente un investissement de 5.000NZ$ / place, soit moins de 3.000€.

Sur la ferme de 300ha où aucune charrue ne pose le bout d’un soc, il cultive son maïs (ensilage), du méteil orge/pois et des prairies. Car l’herbe reste au cœur de ce système pourtant atypique. Notamment grâce à l’irrigation. Jeff obtient 17,5tMS/ha de ses prairies et il met en avant la productivité encore meilleure qu’il tire du maïs. Plus de 23tMS/ha.

Un millier de vaches, 4h de traite, une seule personne

Passée la salle de traite, un roto de 60 places où, en dépit de l’automatisation du décrochage et du trempage, il faut entre 3h30 et 4h00 pour passer le troupeau deux fois par jour. C’est surtout devant l’imposante stabulation à logettes que le plan de masse tranche par rapport à l’image de la ferme laitière moyenne. Derrière les 600 places réparties autour du couloir central de distribution, se niche un investissement de seulement 1,8MNZ$ (1M€).

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600 logettes sont aménagées sous le bâtiment.

Rationalité des investissements

Sous sa niche placée dans la cour de retournement en bout du bâtiment, un robot pousseur récent attend son heure. Longeant les barres de garrot ceignant le large couloir de distribution, il replacera la ration distribuée par un ensemble mélangeuse + tracteur à l’allure entretenue. Une nouvelle preuve de la rationalité des investissements constaté par le groupe en formation. Jeff insiste sur un point. Par rapport aux autres éleveurs, « je suis moins endetté », car sa forte production dilue ses charges de structure et son coût de production. Les intérêts à ajouter à ce dernier (qui est d’environ 4,50NZ$/kgMS) représentent en effet 0,70NZ$/kgMS.

Coût de production

Jeff Gould le confirme. « L’important n’est pas dans le bâtiment ». C’est plutôt la façon dont il l’utilise, sa politique, la cohérence du système. Alors qu’il est en dixième année d’exercice, cela fait cinq ans qu’il dispose de ce bâtiment emblématique. Auparavant, il distribuait sa ration d’aliments de stocks au pâturage. « Il y avait beaucoup de pertes ». Désormais celles-ci sont limitées, « c’est comme cela que je modère mon coût de production. En hiver, je produis à 45NZ$ par semaine pour une production supérieure à celle au pâturage », où son coût hebdomadaire ne descend qu’à 30NZ$.

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L’optimisation de son système devrait passer par plus de cultures annuelles, de fourrage stocké et de lait d’hiver.

Avec cette logique, l’éleveur du Canterbury se voit probablement «augmenter les cultures annuelles», plus productives que l’herbe et sa production de lait d’hiver. Il est aussi convaincu être précurseur d’un système qui se développera dans le pays. Raison d’efficacité technique, de performance économique, pour valoriser un facteur foncier onéreux. Raison de bien-être animal aussi.

« Les vaches préfèrent être à l’intérieur ! »

Aux antipodes de l’image de la vache heureuse dehors dans son pré, plutôt partagée dans l’idéal citoyen français, l’éleveur affirme. « Les vaches préfèrent être à l’intérieur »! Dans la presse, il décrit son expérience, un jour de pluie, où il a distribué son maïs, ouvert l’accès de la stabulation. « Les vaches ont accouru pour venir s’abriter. Elles se sont couchées sans même aller manger avant ».

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Grâce à l’irrigation, l’éleveur récolte, surtout par pâturage, plus de 17tMS/ha. Et avec des cultures au cycle court, la productivité est encore bien supérieure. Il valorise le foncier dont le prix explose et atteint 60.000NZ$.

Sur l’île du Nord, un autre éleveur qui dispose d’aires couvertes pour ses vaches, met en avant que ce type d’équipement est un plus pour le bien-être animal. Pour l’image d’un élevage plus respectueux de l’environnement. Jeff Gould confirme. « Les éleveurs ici pensent que des bâtiments comme ça ne peuvent pas être rentables, mais les gens qui ne connaissent pas trop l’élevage, trouvent que le fait que les vaches soient en bâtiment est bien pour elles ».

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En plus des ensilages de maïs, de pois, de l’orge… Jeff Gould utilise des concentrés (soja, palme, drêches ou déchets de légumes) qu’il obtient à des prix raisonnables car ils sont peu d’éleveurs à en dépendre.

Production d’énergie avec la méthanisation

Actuellement, l’éleveur du Canterbury s’intéresse à un nouveau projet, bien qu’il n’en soit pas directement le porteur : la production d’énergie. La construction d’un digesteur en lien avec son exploitation est prévue. « Ce n’est pas mon métier » et Jeff préfère se concentrer sur sa ferme. C’est donc un groupe d’investisseurs qui lui achètera des effluents. Lui vendra de l’énergie, une ressource onéreuse sur l’île et le digestat. L’éleveur souligne que ce projet se réalise sans subventions. C’est un moyen de tirer parti de nouvelles contraintes découlant des derniers accords de Paris.


Retrouvez l’intégralité des articles sur notre reportage d’élevage laitier Nouvelle Zélande dans notre sommaire

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Pour aller plus loin, vous pouvez également aller dans notre dossier spécial Nouvelle Zélande :

Filière laitière Nouvelle Zélande : cap sur la Nouvelle Zélande avec une série de quinze reportages réalisés par Ronan Lombard, journaliste chez Entraid.

Cliquez sur l’image pour suivre le roadtrip de notre journaliste parti 15 jours en Nouvelle Zélande.

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