Le transport d’une moissonneuse-batteuse fait l’objet d’un convoi exceptionnel de catégorie 1 ou 2 en fonction de la longueur, de la largeur de la machine et de son poids. Le transporteur doit faire une déclaration ou obtenir une autorisation préalable selon sa catégorie. Certains axes routiers et traversées de villes sont interdits ou bien limités. Et la vitesse autorisée est restreinte. En prenant en compte les temps de pauses obligatoires du chauffeur, le trajet ne dépassera guère les 250 à 300 km par jour.
Réglementation stricte
Pour les machines de gros gabarits équipées de barres de coupes très longues, deux camions seront parfois utilisés. Le premier avec la moissonneuse et les roues, et l’autre avec la barre de coupe et le chariot. C’est un chauffeur spécialisé, formé à cette mission délicate, qui intervient. La notion de qualité de service est très importante. À la fois pour le respect des délais, mais aussi et surtout pour les règles de sécurité.
L’anticipation est nécessaire vis-à-vis du transporteur, soucieux d’optimiser le fret de sa flotte de véhicules. C’est particulièrement vrai pour les moissonneuses de seconde catégorie dépassant 3 m, pour lesquelles la présence d’une voiture pilote est obligatoire. « On ne peut pas répondre à une demande de devis que si nous avons préalablement toutes les informations requises, en particulier sur le modèle et le format de la machine », insiste Dominique René, gérant de la société Translyre. D’autres éléments seront vérifiés : le site de chargement est-il suffisamment vaste pour autoriser les manœuvres du semi-remorque ? Dispose-t-on d’un télescopique pour charger la barre de coupe et les roues ?
Entreprise spécialisée dans le transport
L’entreprise Translyre basée dans l’Eure est spécialisée dans le transport de matériels agricole. Le parc est constitué de différents types de véhicules : semie surbaissée (porte char, porte engin), porteur remorqueur surbaissé (camion remorque), semie déboitable extra-basse avec un plancher à 0,35 m du sol. Plusieurs éléments sont pris en compte pour élaborer un devis de transport d’une moissonneuse, explique Dominique René.
En effet, le coût de transport d’une moissonneuse-batteuse dépendra de la distance entre le lieu de départ et d’arrivée, de la dimension largeur et hauteur de la machine, de l’itinéraire, des frais d’assurance… En fonction de ces éléments, l’éventail des prix pratiqués sera très large. Clairement, l’appel à un transporteur pour de très courtes distances (moins de 100 km) n’est pas économique. Le chargement, puis le démontage des roues, le calage et l’arrimage vont en effet demander plus de deux heures. Une opération à répéter au déchargement.
Coût de transport d’une moissonneuse-batteuse : environ 1 800 € pour 500 km
Depuis de nombreuses années, la cuma de la Croix Verte, en Loire-Atlantique, adhère à la cuma Amandine du Pas-de-Calais pour son activité moisson. « Cela représente environ 180 à 200 ha de récolte à moissonner en Loire-Atlantique », détaille Jérémie Grard, adhérent responsable de cette activité à la cuma Amandine qui, sur ses terres, récolte 570 ha/an. Les prix du transport ont sensiblement augmenté ces dernières années. En cause, l’augmentation du GNR, de la main-d’œuvre…
Des devis sont établis pour évaluer le coût de transport de la moissonneuse-batteuse New-Holland CX 7.90 sur environ 550 km qui séparent les deux cuma. Les prix sont de l’ordre de 1 800 € par trajet (3 600 € aller-retour). Précisons que la machine, de par ses dimensions, entre dans la première catégorie des transports exceptionnels. Le trajet en camion sur route ne nécessite pas de voiture pilote. Les différences entre les devis sont relativement limitées. De l’ordre de 50 à 200 € maximum. « En revanche, le transporteur mentionne une date de transport, le 17 juillet », précise Jérémie Grard. Or, les cuma concernées ne connaissent pas à l’avance la date exacte de fin des moissons. Cette contrainte peut compliquer l’ordonnancement des chantiers entre les deux zones. « D’autant plus que le décalage de maturité entre les deux régions semble se réduire », observe le responsable moisson de la cuma Amandine.
Coût de transport en direct d’une moissonneuse-batteuse : 6 h de route pour 120 km
Philippe Choquet, secrétaire de la cuma de Noyen-sur-Sarthe témoigne des difficultés de circulation routière qui peuvent exister à certains endroits. Sa cuma, située un peu au sud du Mans, partage en copropriété avec la cuma l’Auvraisienne, basée dans le nord de l’Orne, une moissonneuse-batteuse 6 secoueurs d’environ 4 m de large. Son déplacement prend 6 h pour environ 120 km, avec certaines portions, telle la traversée de Brûlon, qui imposent une prudence particulière, observe le Philippe Choquet. « Nous ne nous sommes pas posé la question de faire appel à un transporteur », précise-t-il.
Le 20 juillet au matin, la machine a terminé sa récolte en Sarthe et migré dans l’Orne, pour être opérationnelle là-bas dès le début de l’après-midi. Les deux groupes procèdent ainsi à des échanges depuis de nombreuses années. En parallèle, les deux cuma ont leurs propres machines. La cuma sarthoise dispose de deux moissonneuses en plus des 60 % de celle en copropriété. Et la cuma ornaise, d’une machine et les 40 % restant de celle en copropriété. La présence d’une ou plusieurs moissonneuses supplémentaires facilite ce type d’interaction, dans la mesure où la machine en commun peut rejoindre la seconde zone géographique de récolte, même si toutes les surfaces à moissonner dans la première zone ne sont encore pas récoltées…
Rappelons cependant que la réglementation routière limite les trajets des moissonneuses directement sur route. « La circulation des véhicules et matériels agricoles est autorisée sur une zone géographique composée des départements d’activité et de leurs départements limitrophes. En dehors de ces conditions, les véhicules agricoles doivent être transportés », stipule le code de la route.
Etude d’un cas-type de coût de transport : 5 h de route et 690 € pour 100 km de trajet
La vitesse maxi sur route pour une moissonneuse-batteuse s’élève à 25 km/h. Sur 100 km à une allure moyenne de 20 km/h, cela correspond 5 heures sachant qu’une machine de 400 ch consomme en moyenne 0,2 l/ch/h au travail. Avec une consommation sur route réduite d’un quart, cela équivaut à 0,15 l/ch/h. Soit 60 l/h de carburant et 300 l sur les 5 h de parcours. Soit, avec un prix du GNR à 1,10 €/l, un coût de 300 €.
À cela s’ajoute le temps mobilisé par le chauffeur. En plus du « temps de conduite », il faut ajouter le temps de retour en voiture d’1h30. Soit 6h30 en tout. En prenant en compte un coût de main d’œuvre à 20 €/h, on obtient une facture de 130 €.
De plus, il faut additionner dans la plupart des cas, le coût de la voiture d’accompagnement. Pour un véhicule de gamme moyenne, le coût de revient est estimé à 0,50 €/km tout compris. Soit pour 200 km un coût de 100 €.
Enfin, il faut intégrer le temps du second chauffeur de la voiture, équivalent à celui de la moissonneuse. Soit 6h30. Donc une facture supplémentaire de 130 €.
On obtient un coût total de transport de la moissonneuse-batteuse de 690 € (hors repas et frais d’usure de la machine : pneus, dépréciation…).
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