La moissonneuse-batteuse a pour fonction principale de récolter les grains de différents types de cultures de plein champ : céréales, maïs grain, oléagineux, protéagineux, porte-graines, etc. Secondairement, elle peut aussi contribuer à la récolte de la paille en la déposant au sol sous forme d’andain.
Fonctionnement d’une moissonneuse-batteuse
Les catégories : conventionnelles vs non conventionnelles
La moissonneuse-batteuse assure 4 fonctions principales : la coupe en direct ou la reprise au sol de la culture, le battage, la séparation grain-paille et le nettoyage du grain.
A la sortie de l’équipement de récolte, un convoyeur transfère la plante vers le premier organe, le batteur. Il extrait les grains des épis par frottement. Pour ce faire, la matière passe entre le batteur proprement dit, un cylindre ouvert ou fermé, doté de barres crantées, les battes, et le contre-batteur. Il s’agit d’une cage d’où le grain peut s’échapper. Sur les moissonneuses-batteuses conventionnelles, le batteur est transversal par rapport à l’avancement de la machine. Sur les moissonneuses-batteuses axiales, le battage s’effectue au niveau de la première section d’un ou deux rotors placés en position axiale. La seconde partie de ce rotor se charge de la séparation entre grain et paille.
Sur les moissonneuses conventionnelles, la séparation des grains restant dans la paille se réalise par les secoueurs. Au nombre de 4, 5, 6 voire 8, ces organes animés dotés de redans conduisent la paille vers l’arrière tout en la soulevant pour faire tomber les grains au travers de leurs ouvertures.
Il existe également des machines munies d’un batteur transversal mais sur lesquelles ce sont un ou deux rotors axiaux qui effectuent la séparation. On les classe dans la catégorie des non-conventionnelles.
Enfin, le grain extrait du batteur et des secoueurs, ou bien du ou des rotors, bénéficie d’une épuration au sein des organes de nettoyage. Il circule pour cela sur des grilles perforées sous laquelle arrive un flux d’air.
Les types de moissonneuses-batteuses
Les constructeurs emploient parfois une classification non officielle pour désigner la capacité de leurs moissonneuses-batteuses. Associant le mot anglais « class » et un chiffre romain, elle va de « class V » à « class X » mais n’a rien d’officiel. Dans le domaine des conventionnelles, le nombre de secoueurs sert aussi de repère pour identifier grossièrement la capacité des moissonneuses-batteuses. Il se s’avère pas suffisant car une 5 secoueurs puissante et largement dimensionnée peut débiter autant qu’une 6 secoueurs d’entrée de gamme.
A découvrir : 3 questions à se poser pour choisir sa moissonneuse-batteuse.
Vitesse d’une moissonneuse-batteuse
Au travail
Une moissonneuse-batteuse fonctionne bien si elle est suffisamment chargée, en n’allant bien entendu pas jusqu’au risque de bourrage. Ainsi, une vitesse d’avancement insuffisante se traduit notamment par un battage incomplet. La vitesse d’avancement optimale s’apprécie en fonction du rendement de la culture, de la largeur de la coupe, et de la capacité de traitement de la machine. Ce sont en effet les trois facteurs qui régissent la charge de moissonneuse-batteuse. Sur ce point, le facteur limitant peut se situer dans le circuit du grain, ou dans celui de la paille (bourrage). Les vitesses d’avancement habituelles se situent autour de 4 à 6 km/h. Les automatismes de plus en plus présents sur ces machines ont d’ailleurs pour fonction d’ajuster cet avancement, en fonction de divers paramètres mesurés et des priorités assignées par le chauffeur.
Sur route
La moissonneuse-batteuse se range dans la catégorie de véhicules MAGA (machines agricoles automotrices). Elle peut théoriquement rouler sur route à 40 km/h si elle est homologuée à cette vitesse. Mais, dans le cas d’une MAGA, cela n’est possible en France que pour une largeur inférieure à 2,55 m, ce qui élimine donc en pratique cette possibilité. Par conséquent, les moissonneuses-batteuses vendues en France sont homologuées à 25 km/h et doivent respecter cette limite sur les routes.
Moteur de moissonneuse-batteuse
Les moissonneuses batteuses courantes en Europe possèdent un moteur d’une puissance entre 150 et 600 ch. Ils sont parfois produits par le constructeur lui-même ou le groupe industriel auquel il appartient, selon le modèle : Agco Power, CNH/FPT, John Deere. Sinon, ils proviennent de motoristes spécialisés dans les moteurs industriels de grosse puissance : Caterpillar, Deutz, MAN, MTU, Cummins, Perkins…
Il fonctionne le plus souvent à pleine capacité, sauf sur la route où le besoin en puissance est moindre. Il arrive d’un supplément de puissance soit disponible lors de la vidange afin de gagner du temps sur cette phase improductive du chantier. Cette opération ne dure pas longtemps et ne risquant pas de surcharger la mécanique.
Au milieu du XXe siècle, il a existé des moissonneuses-batteuses sans moteur car elles étaient attelées à un tracteur. Cette configuration a disparu.
Les plus grandes marques de moissonneuses-batteuses
En Europe, on compte sur le marché une dizaine de marques de moissonneuses-batteuses classiques.
Par ordre alphabétique :
- Case IH,
- Claas,
- Deutz-Fahr,
- Fendt,
- John Deere,
- New Holland,
- Laverda,
- Massey Ferguson,
- Sampo Rosenlew.
Plusieurs d’entre elles appartiennent à un même groupe. CNH pour Case IH et New Holland, Agco pour Fendt, Laverda et Massey Ferguson. Ces machines sont majoritairement fabriquées en Europe (Allemagne, Belgique, Italie, Finlande, Slovénie), mais certains modèles arrivent des Etats-Unis. Notons enfin chez Haldrup, Hege, Zürn, etc, l’existence de mini moissonneuses batteuses très spécifiques, destinées à la récolte des essais.
Barre de coupe
Pour alimenter une moissonneuse-batteuse, deux options se présentent. Soit la reprise au sol d’une culture préalablement fauchée et andainée avec un pick-up, ou ramasseur. C’est la moins courante, principalement employée pour les porte-graines, le colza, ou encore les céréales en bio.
Autre méthode plus répandue : la coupe en direct avec une barre de coupe adaptée à la culture à récolter. La coupe à céréales constitue le plus courant. Elle convient aussi aux protéagineux et oléagineux. Avec l’option d’un lamier flexible, la coupe suit mieux le sol, pour réduire les pertes en cultures basses (soja, pois, lentilles…). Des équipements complémentaires peuvent par ailleurs faciliter la récolte de certaines cultures. Notamment les scies latérales et la rallonge de tablier pour le colza. Ou encore les plateaux pour le tournesol. Des tabliers à profondeur variable existent aussi, pour plus de performances avec des cultures variées.
Enfin, sur ces coupes à céréales, deux variantes se côtoient en matière de transfert entre le lamier et le convoyeur (entrée dans la moissonneuse proprement dite). Soit avec une vis sans fin, le plus courant, soit avec un tapis. Le cueilleur à maïs représente la troisième grande catégorie d’équipement de récolte pour moissonneuse-batteuse. Il saisit les épis et laisse la paille au sol, soit telle quelle soit broyée. Des variantes de ce principe existent également pour la récolte du tournesol.
Il existe également des barres de coupe repliables, permettant d’éviter les opérations d’attelage/dételage entre deux parcelles.
Conduite et réglages
Comment conduire une moissonneuse-batteuse ?
La MSA dispense des conseils de prévention pour éviter les accidents sur les chantiers avec une moissonneuse-batteuse. Les voici. Lors des opérations de réglage ou de maintenance, arrêter le moteur et retirer la clef de contact. Ensuite, ne jamais intervenir dans la trémie alors que la vis de vidange est en rotation. Lors d’une intervention sous la coupe, sécuriser le maintien de celle-ci en position haute (blocage mécanique du vérin ou mise en place de chandelles de sécurité). Dans la parcelle, organiser le chantier pour éviter tout contact ou risque d’amorçage avec une ligne électrique aérienne. Pour cela, connaître les hauteurs des rehausses de trémie et de la vis de vidange, repérer les lignes électriques dans les parcelles.
D’autre part, durant le travail, s’assurer de l’absence de tierce personne avant d’engager une marche arrière, en particulier au moment de l’attelage du chariot de coupe. D’une manière générale, éloigner toute personne non indispensable au chantier. Replier également la plateforme d’accès au poste de conduite lorsque la machine travaille et ne tolérer personne dessus lors du déplacement.
Recourir à des caméras pour améliorer la visibilité, contrôler le remplissage de la remorque et faciliter la réalisation des manœuvres en particulier lors de l’attelage. Privilégier des attelages à verrouillage automatique. Porter les équipements de protection individuelle adaptés : chaussures de sécurité, gants de protection anti-coupure pour les interventions sur le broyeur de paille…
Comment régler une moissonneuse-batteuse ?
Le réglage d’une moissonneuse batteuse porte sur de nombreux paramètres. L’équipement de récolte représente la première étape, d’abord en termes de hauteur de coupe. Puis, selon le cas, on peut par exemple régler la hauteur et la vitesse de rabatteurs sur une coupe à céréales, ou bien l’écartement des plaques sur un cueilleur à maïs.
Sur le batteur, le réglage porte d’abord sur la vitesse de rotation, qui doit permettre d’obtenir une vitesse tangentielle adaptée à la fragilité de l’espèce à récolter. L’écartement entre le batteur et le contre-batteur, en différenciant l’entrée et la sortie, constitue le second point fondamental. Il dépend notamment de la taille des épis et des grains. On peut également considérer dans cette notion de réglage le choix du contre-batteur, car les machines offrent généralement le choix entre deux versions, selon les espèces à récolter.
Sur la partie nettoyage, le chauffeur doit d’une part régler la vitesse et l’orientation du flux d’air, qu’on appelle « les vents ». Et d’autre part le degré d’ouverture des grilles. Il existe également un choix de calibre de grilles pour mieux coller à l’espèce récoltée.
Enfin, le chauffeur doit choisir sa vitesse d’avancement, autrement dit le degré de chargement de sa machine. Il cherche un optimum en fonction de son objectif de débit de chantier, de risques éventuels de bourrage ou de pertes de grain.
Notons que les constructeurs cherchent de plus à plus à automatiser les réglages grâce à des automatismes. Ces derniers agissent à partir des priorités choisies par le chauffeur et des informations relevées para des capteurs (couple, pertes, vitesse, analyse d’images, etc).
Photos de moissonneuse-batteuse
A découvrir ci-dessous une sélection de photos prises lors des moissons. Utilisez les flèches latérales pour passer d’une photo à l’autre.
Vidéos de moissonneuse-batteuse
A découvrir ci-dessous une playlist de vidéos Entraid’ avec des nouveautés concernant les moissonneuses-batteuses, des reportages sur des chantiers de récolte et des avis d’utilisateur.
Prix d’une moissonneuse-batteuse
Prix d’achat à neuf et d’occasion
Le prix d’achat d’une moissonneuse-batteuse neuve commence à 125.000 € pour une 4 secoueurs de moins de 200 ch, et approche 400.000 € pour une non-conventionnelle de plus de 500 ch (source : Barème d’entraide).
Ces matériels vieillissent bien et gardent une valeur malgré les années. Ainsi, on peut estimer qu’une moissonneuse-batteuse d’occasion âgée de 2 ans vaut encore 79 % du prix d’une neuve. Avec un âge de 5 ans, c’est 60 %, et 10 ans, la valeur de revente représente encore 45 % du neuf (source : fncuma).
A découvrir également : comment facturer la moissonneuse-batteuse aux adhérents ?
Coût d’utilisation
Prenons une moissonneuse-batteuse de 400 ch à six secoueurs, dotée d’une coupe à céréales de 7,50 m. L’ensemble est acquis pour 250.000 € et va tourner 180 heures batteur par an, sur environ 500 ha. Après huit ans d’utilisation, notre machine montre un coût de détention de 137 €/h. Soit 48,90 €/ha pour un débit de chantier de 2,8 ha/h (Source : fncuma-Entraid’-Rayons X).
Rappel : ce chiffre inclut la décote, les frais d’entretien et financiers. Il faut y ajouter les frais de carburant et de main-d’œuvre. On peut tabler sur une consommation de 59,4 l/h de GNR et de 2,97 l/h d’AdBlue, à valoriser selon le tarif du moment.
A découvrir en complément :
- Case IH Axial Flow 6150 : coût de détention, prix d’achat, décote et frais d’entretien.
- Claas Lexion 660 : coût de détention, prix d’achat, décote et frais d’entretien.
- John Deere T660 : coût de détention, prix d’achat, décote et frais d’entretien.
- New Holland CX 8.80 : coût de détention, prix d’achat, décote et frais d’entretien.
En résumé
Quand a été inventé la moissonneuse-batteuse ?
Au XIXè siècle, on a d’abord mis au point des moissonneuses qui fauchaient les céréales, mais les laissaient seulement en gerbes (plante entière). Il fallait ensuite reprendre ces gerbes et réaliser le battage. Les machines créées à cet effet fonctionnaient à poste fixe, entraînées par des chevaux, puis un moteur à vapeur.
Les premières machines associant les trois fonctions, faucher, battre et nettoyer, sont apparues au début du XXè siècle. Il fallait un tracteur pour les déplacer, avant qu’elles ne deviennent automotrices. Citons parmi les premières moissonneuses-batteuses automotrices la Massey Harris MH-20, sortie en 1938 en Amérique du Nord. Ou encore en Europe la Claas SF, lancée en 1953.
Quelle la plus grosse moissonneuse-batteuse du monde ?
Depuis 2019, on peut considérer la Claas Lexion 8900 comme une des plus grosses moissonneuses-batteuses avec une puissance moteur de 790 ch et une capacité de trémie pouvant atteindre 18 000 litres. Il s’agit d’une machine hybride : accélérateur, batteur, tire-paille et double séparateur rotatif. Autre machine XXL : l’Idéal 10 (Fendt et Massey Ferguson) affiche une puissance moteur similaire pour une capacité de trémie dépassant les 17 000 litres. Difficile de ne pas citer aussi plus la New Holland CR10.90 et la John Deere X9 1100.
Côté organe de récolte, la plus grosse barre de coupe du monde dépasse les 18 mètres.
Quelle est la meilleure moissonneuse-batteuse du marché ?
Depuis le 15 août 2014, New Holland détient le record du monde officiel de moisson de blé en huit heures. Une moissonneuse-batteuse CR10.90 a récolté près de 800 tonnes de blé sur une surface de 80,2 hectares dans le Lincolnshire au Royaume-Uni. En outre, cette machine a réalisé des pics à 135 tonnes/heure.
Combien coûte une moissonneuse-batteuse neuve ?
Selon les marques et les niveaux de puissance, le prix d’achat d’une moissonneuse-batteuse neuve démarre aujourd’hui à 125 000 euros et peut dépasser les 400 000 euros. Mais il faut prendre en compte la décote, la consommation en GNR ainsi que les frais d’entretien et financiers pour bien estimer le coût total de détention d’une moissonneuse-batteuse.