Être heureux dans sa vie et dans son métier d’agriculteur

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Être heureux dans sa vie et dans son métier d’agriculteur

Julien Bruant est aviculteur, président de cuma, père de famille... dans le sud de la Sarthe.

Depuis de nombreuses années, le réseau cuma s’implique en faveur de la maîtrise des charges de mécanisation sur les exploitations. Au-delà des éléments techniques et économiques, de nouveaux référentiels voient le jour. Illustration avec Julien Bruant, agriculteur dans le Sud Sarthe et président de la cuma du Haut Plateau partage sa vision du métier.

Entraid : Quel est ton parcours professionnel ?

Julien Bruant : Je suis titulaire d’un BTS ACSE. Ensuite, j’ai été 7,5 ans salarié sur une exploitation agricole. J’y étais responsable de l’atelier avicole. En 2008, j’ai repris une exploitation de 41 ha, à proximité de la ville de Sablé-sur-Sarthe. C’était une demande de ma conjointe de ne pas être isolé sur le territoire. Nous limitons les durées de transport, avec de multiples services disponibles à proximité.

Pour que le projet soit viable, j’ai construit un 4e poulailler label à mon installation. Finalement mes objectifs n’ont pas changé : Avoir un projet viable financièrement, tout en conservant de bonnes conditions de travail. J’ai toujours été attiré par une exploitation de taille moyenne, sans production laitière. Il faut préciser que je ne suis pas très intéressé par le matériel.

Justement, à propos du matériel, peux-tu nous préciser ta stratégie ?

Le parc est très limité sur mon exploitation. Il est en lien avec la surface des cultures (28 ha). Je n’ai pas les moyens, ni l’envie, d’investir dans des équipements lourds. Sur l’exploitation, on retrouve essentiellement une pailleuse et deux tracteurs. Assez anciens d’ailleurs, puisqu’ils sont de 1998 et de 2004. La part de dépréciation des matériels représente seulement un montant de 1 633 €/an.

Si je suis pris par le temps ou la météo, j’appelle l’ETA locale qui vient pour les travaux des champs. Il est important pour moi qu’ils soient effectués dans de bonnes conditions. Je travaille aussi avec deux cuma qui disposent de tracteur, batteuse, outils de travail du sol… Au total, la mécanisation représente un montant de 21 404 €/an.

Quels sont les atouts et les limites de ta stratégie ?

Clairement, la délégation a un coût. Mais je me fixe des priorités. Mon atelier avicole et ma vie familiale passent avant tout. Je récupère les enfants à l’école et j’ai aussi des responsabilités dans une association sportive et dans des cuma. Donc je souhaite notamment disposer d’une souplesse dans la gestion de mes horaires.

L’avantage : comme le parc est très limité, je délègue plus facilement. Il n’y a pas la sentence de payer deux fois (travaux par tiers et matériel personnel). Il y a aussi des limites. Au cours des années passées, par exemple, une panne exceptionnelle sur un tracteur n’a pas été sans conséquence sur mes charges de mécanisation.

Pourquoi n’y a-t-il pas de salarié dans la cuma ?

Pour le battage, nous embauchons un saisonnier. Au-delà, il n’y a pas tant de besoin spécifique. Beaucoup des exploitations des adhérents ont déjà des salariés. Et puis, il faut le dire, je trouve que la gestion de la main-d’œuvre est quelque chose de compliqué. Par exemple en termes de contraintes administratives.

Finalement, quels sont pour toi les véritables enjeux pour l’avenir ?

Pour ma part, je recherche un équilibre entre la vie familiale et l’exploitation. Financier aussi. J’ai toujours prélevé un salaire pour participer aux dépenses familiales. Je prends impérativement quinze jours de congé l’été. Et pendant les vacances scolaires, j’adapte mon travail à ma vie de famille.

Après, c’est à chacun de trouver son système. Il n’y a pas de solution unique. L’essentiel est d’être heureux dans sa vie ! Je suis content de mon métier et de pouvoir en vivre. En lien avec mon exploitation et mes loisirs, j’ai aussi beaucoup de relations à l’échelle locale.

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