Le portrait de Stéphane Cusset, 25 ans, des idées plein la tête

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Le portrait de Stéphane Cusset, 25 ans, des idées plein la tête

Stéphane Cusset, jeune installé dans le Cantal : "Il faudra chercher à valoriser davantage les productions, gérer la ressource en eau, trouver des alternatives aux prairies en implantant des méteils..."

Quand on lui demande son âge, Stéphane Cusset répond pudiquement « 25 ans », avant d’ajouter : « Pourquoi ? C’est trop jeune pour s’installer, vous pensez ? » Et pourtant, il n’a nul besoin de justifier ou de convaincre que ce métier d’agriculteur dans le Cantal, à la bordure de l’Aveyron, lui colle à la peau.

Il serait trop facile de dire que Stéphane Cusset n’a connu que cela entre un père agriculteur lui-même, une maman conjointe-collaboratrice, deux sœurs exerçant en para-agricole et des grands-parents eux-mêmes du métier. Une grand-mère, croisée au hasard d’une balade qui, du haut de ses 92 printemps, arpente les chemins qu’elle a toujours fréquentés.

« Nos grands-parents sont un peu perdus dans le monde agricole d’aujourd’hui. Nous n’avons pas la même vision. Je pense qu’il faut les préserver de tout ce flot et des changements incessants. » Car si lui aussi est complètement du cru, son parcours n’en demeure pas moins courageux et son envie de faire ce métier réfléchie.

De l’agro-tourisme sur le plateau de l’Aubrac

Dans ce lieu-dit Floirac, perché à 950 mètres d’altitude, appartenant à la commune de Pailherols, une poignée de maisons dont la sienne, qui a la particularité d’assurer la frontière entre le Cantal et l’Aveyron. À perte de vue, quelques maisons, des bâtiments d’élevage et de vastes étendues du paysage. Ce territoire, le jeune homme l’a chevillé au corps, soucieux de sa préservation et de sa défense.

Il le connaît de l’intérieur pour avoir réalisé un stage au Parc naturel régional de l’Aubrac et travaillé sur la thématique de l’agro-tourisme. Une expérience professionnelle qui vient clore un parcours d’étude assez classique et néanmoins solide, avec un bac technologique sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV), un BTS analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (ACSE) et une licence professionnelle expertise agro-environnementale et conduite de projets.

Stéphane Cusset à Pigüé, capitale de l’Aveyron…

C’est en s’envolant pour l’Argentine en 2018 qu’il complète son cursus avec cette expérience pas comme les autres à Pigüé, dans la Pampa, à 584 km au sud-ouest de Buenos Aires. Un voyage à quelque 12 000 kilomètres de son Aveyron, mais des racines communes, car « on ne le sait peut-être pas, mais Pigüé a été fondée par une colonie aveyronnaise au XIXe siècle. »

On y parle d’ailleurs encore français dans certaines vieilles familles, « et on y retrouve beaucoup de noms de famille typiques de chez nous. » Le voilà donc projeté dans un élevage de quelque 3 000 bovins engraissés à l’herbe, à dominante Angus, avec quelques expérimentations de croisement Angus/Aubrac. « Là-bas, tout est plus grand. Leurs parcelles font la taille de nos exploitations, le chef d’exploitation est en ville et ne met pas franchement les pieds sur la ferme, ce sont les salariés qui œuvrent au quotidien sur les différents corps de ferme. »

… en Argentine, là où il y a zéro réglementation

« En suivant le vétérinaire de la ferme chaque jour, et en contribuant aux travaux de maintenance, j’étais en totale immersion la semaine. Le week-end, je découvrais la vie en Argentine avec le chef d’exploitation. » Pour autant, si l’expérience est unique à vivre, « c’est difficile de comparer les deux systèmes. Il y a certaines choses qui sont transposables, d’autres pas du tout. Ce que je retiens peut-être le plus, c’est la capacité à changer de production pour s’adapter aux aléas climatiques et aux réalités économiques. Il y a zéro réglementation. »

Stéphane Cusset a choisi de compléter sa formation professionnelle avec une expérience dans une ferme argentine et en tant que salarié de la fdcuma avant de s’installer.

Un passage en cuma conforme à ses convictions

De retour en France, il travaille au sein de la fédération des cuma, tout en avertissant de son désir de s’installer in fine. « C’est toujours bien de s’essayer au salariat. Et l’avantage avec ce travail, c’est que nous ne sommes pas cloués dans un bureau. Pour moi, cela aurait été impossible. » Après cette expérience salariale, un retard dans son projet lié à l’épidémie de Covid-19, il s’installe en janvier 2022.

Un système traditionnel du plateau aveyronnais

Il n’a de cesse de le répéter, « c’est un système d’élevage assez simple », que ce soit dans la conduite d’élevage ou les débouchés. Un système tout en herbe où le foin assure la quasi-totalité du stock fourrager, des animaux dehors presque six mois de l’année, des veaux taris à l’automne, des vêlages de janvier à mars, certains mâles gardés pour la reproduction. Bref, « un système traditionnel du plateau aveyronnais, avec une grosse partie des vaches à l’attache pour la période hivernale. »

Des vaches et quelques génisses à l’attache pour éviter les accidents et les mauvaises surprises qui seraient dues aux cornes, installées en parcs sur caillebotis. Du côté des débouchés, les broutards sont poussés jusqu’à 12 mois et vendus à la coopérative aveyronnaise Cemac.

Des investissements raisonnés et des coûts de productions raisonnables grâce à une mécanisation réduite

Le jeune homme le dit : « J’ai repris un outil de production tel qu’il était. » Charge à lui de le faire évoluer en s’adaptant aux contraintes de son époque. « Il faudra chercher à valoriser davantage les productions, être encore moins dépendants des exportations, travailler en filière qualité, pourquoi pas finir quelques animaux. Il faudra aussi gérer la ressource en eau, trouver certaines alternatives en implantant du méteil sur des prairies vieillissantes par exemple… »

Une vision pragmatique et plutôt auvergnate avec « des investissements raisonnés et des coûts de productions raisonnables, grâce à une mécanisation réduite. » En effet, son système est encore très manuel et traditionnel, comme le fait de faire glisser les bottes de paille stockées sur une planche en hauteur dans les box des broutards.

Contribuer à la dynamique rurale du territoire

Avec six installations sur la commune de Pailherols, le territoire est très largement centré sur l’agriculture et la ruralité. Convaincu, le jeune homme est déjà élu municipal et s’engage dans une vision dynamique avec « l’envie de faire bouger les choses. »

Membre du syndicat Jeunes agriculteurs de son canton, il est aussi adhérent à la cuma du Puy-de-Bâne, sur Lacapelle-Barrès et Pailherlols, et amoureux de rugby, dont il garde l’envie « et les copains ».

Le parcours de Stéphane Cusset

  • 1997 naissance
  • 2015 bac techno stav
  • 2017 bts Acse
  • 2018 voyage d’étude en Argentine
  • 2019-2021 animateur à la fdcuma du Cantal
  • 2020 élu municipal
  • 2022 installation

Pour plus d’informations, retrouvez ces articles sur www.entraid.com

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