Vigne: le surcoût «relatif» du robot

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Vigne: le surcoût «relatif» du robot

Un robot Bakus, utilisé sur 30 ha, équivaut au coût de revient d'un enjambeur classique sur 20 ha.

Anthony Chambrin, conseiller à la frcuma Centre Val-de-Loire, a chiffré le coût prévisionnel, toutes charges comprises, d’un robot viticole Bakus, par rapport à un enjambeur classique ou un tracteur interligne. Les différences sont assez ténues…

Trois robots vignerons Bakus ont récemment été achetés en Touraine. Dans ce territoire où domine les vignes étroites (150cm), la diminution de la main-d’œuvre familiale et le recrutement de salariés viticoles, représentent une réelle difficulté. C’est pourquoi, l’éventualité de compter sur un robot qui allège considérablement le temps de travail (même si en présence d’un robot en exercice, une présence humaine est requise à moins de 250m) retient toute l’attention des viticulteurs. Certes, les prix d’achat pour cet appareil sont beaucoup plus élevés que les tracteurs interligne conventionnels ou les enjambeurs. Mais en comptant l’ensemble des charges, y compris la main-d’œuvre, les coûts se resserrent.

Premières démos convaincantes du robot viticole Bakus

Le modèle Bakus est mu par l’énergie électrique. Les démonstrations organisées l’an passé par la frcuma CVL dans les parcelles d’adhérents des cuma de la Meusnoise et viti-vinicole de Cheverny (Loir-et-Cher) ont montré ses potentialités au travail et son degré de précision. Le panel d’interventions du robot est large. Il peut tout à tour effectuer une décavillonnage, un buttage ou bien un désherbage mécanique interceps. On évoque aussi la possibilité que ce robot puisse très prochainement tondre entre les rangs ou rogner les vignes. Autant de fonctionnalités analogues à celles des outils classiques, de type tracteur interligne ou tracteur enjambeur.

180.000€ pour un concentré de hautes technologies

Dans son étude économique, Anthony Chambrin a chiffré le coût d’un robot Bakus en vignes étroites sur un rang.  Le cadre de l’étude prévoit six interventions/an pour une durée de 3h/ha. Soit un cumul annuel de 18h/ha. Cela équivaut à 350h de travail du sol annuel pour 20ha. La simulation comprend l’achat d’un robot avec les outils de travail du sol correspondants, de 180.000€ HT. L’investissement est amorti sur 7 ans.

S’y rajoute l’achat d’une remorque pour son transport, évaluée à 6.000€ HT. Enfin, le conseiller cuma a compté le coût proportionnel de la main-d’œuvre affectée au robot en activité. Dont 35% du temps seulement lui est réellement consacré (transport entre parcelles et surveillance régulière). À raison de 20€/h, le coût de l’opérateur tombe à 7€/h. Anthony Chambrin a rajouté enfin dans son calcul, les charges variables de l’outil: 1€/h d’électricité et 4€/h entretien, pneumatique. Résultat: sur 20ha, à raison de 350h d’utilisation par an, le coût total du robot avec main-d’œuvre s’élève à 1.900€/ha.  Sur 30ha et 540h d’utilisation, il tombe à 1.350€/ha.

130.000€ pour un tracteur enjambeur classique

Il a comparé ces résultats à l’acquisition d’un tracteur enjambeur 4RM, à 130.000€ HT, amorti 7 ans. Il a complété par l’achat d’un équipement complet de travail du sol pour enjambeur un rang, à 10.000€ HT, amorti sur 5 ans. Pour 20ha, le coût total main-d’œuvre incluse avec cet équipement, s’élève à 1.400€/ha. Dans cette comparaison, «il faut donc un peu moins de 30ha en vignes étroites avec le robot enjambeur Bakus pour arriver au même coût qu’un enjambeur classique», constate Anthony Chambrin.

Autres facteurs incitatifs

D’autres variables peuvent donner de l’intérêt à ce type de robot.

. D’une part, les calculs ont été effectués sans tenir compte des subventions possibles pour ce type d’équipements. Le taux qui peut aller jusqu’à 50%, dépend du profil de l’acheteur: cuma, jeune agriculteur, certification bio ou HVE.
. Le coût de l’électricité a proportionnellement beaucoup moins augmenté que celui du GNR, qui a franchi des sommets depuis quelques semaines. Dans la comparaison économique, le prix du GNR retenu, était de 0,75€/l.
. Enfin, le développement des processus industriels de la fabrication de robots et la montée en concurrence des constructeurs sur ce type de produits devraient logiquement conduire à une baisse des prix de marché.

En conclusion, il est fort à parier que ces premiers développements de la robotisation en viticulture devraient se prolonger. Le robot dans les vignes n’est plus une chimère futuriste. Là aussi, la mise en commun d’un tel équipement peut éventuellement réduire son coût d’utilisation.

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