Semis direct du maïs: d’abord un beau couvert

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Semis direct du maïs: d’abord un beau couvert

Un chantier dans les premières années de mise en pratique (© cuma Vendée).

Engagés dans l’agriculture de conservation, les adhérents de la cuma Les 4 chemins implantent le maïs en direct dans un couvert végétal. Une technique qui demande observation et expérimentations.

Les adhérents de la cuma Les 4 chemins implantent le maïs en direct dans un couvert végétal. Une technique qui demande observation et expérimentations. Reportage.

La cuma Les 4 Chemins (Vendée) en est à son deuxième semoir à maïs pour semis direct. Elle a commencé en 2010 par un John Deere MaxEmerge XP, en 4rangs. Il a été remplacé en 2017 par un semoir 6rangs, un Väderstad Tempo.

Benoît Jadaud, un des principaux utilisateurs, reprend l’historique: «Le gaec auquel j’appartiens, est engagé dans l’agriculture de conservation des sols. Notre but est notamment de ne jamais laisser le sol nu. Avant la cuma, nous avions déjà testé le semis direct de maïs, en faisant appel à un entrepreneur.» Dans le gaec, le maïs est implanté dans un méteil composé de 5 ou 6 espèces de graminées et de légumineuses. La réussite de ce précédent est essentielle pour la suite. «Il faut une complémentarité entre les espèces qui vont pomper de l’azote en hiver, et celles qui vont en fixer, et entre différents types de systèmes racinaires. Nous avons aussi remarqué que, d’un côté, les légumineuses apportent plus d’azote, mais que de l’autre, les graminées couvrent mieux le sol.» Le Gaec récolte une partie des méteils en ensilage pour le troupeau laitier, le reste est détruit.

benoît jadaud semis direct sous couvert maïs

« Notre but est notamment de ne jamais laisser le sol nu », explique Benoît Jadaud.

Détruire le couvert au bon moment

La date de récolte ou de destruction constitue un grand sujet de discussion. Pour la partie ensilée, le gaec vise un stade jeune pour maximiser la valeur en protéines. Il faut prévoir un délai avant le semis du maïs, pour que le couvert reprenne un début de croissance afin d’être sensible au passage de glyphosate. «Nous travaillons en bas volume, avec une eau à pH contrôlé. Une dose de 0,5 à 1litre par hectare suffit. C’est un peu de chimie qui est largement compensée par les avantages de l’agriculture de conservation en termes de vie du sol et d’érosion.»

Pour la fraction des couverts qui n’est pas utile au troupeau laitier et qui est jugée plus profitable aux vers de terre et autres habitants du profil cultural, le choix de la date de destruction n’est pas anodin. «Il nous est arrivé de le détruire au dernier moment, à un stade où il avait bien asséché le sol. Malheureusement, le printemps a ensuite été sec et le maïs a souffert.» Si l’hiver est très mouillé, le couvert devient le seul moyen de faire ressuyer le sol puisqu’aucun travail du sol n’est pratiqué. Mais il demeure l’inconnue de la pluviométrie pour les semaines qui suivront.

Semoir Väderstad Tempo

Le Tempo a pris le relais du MaxEmerge.

Un rouleau maison

Les associés du gaec ont construit un rouleau faca avec l’aide du salarié de la cuma. Installé à l’avant du tracteur qui sème, il couche le couvert et aide à sa destruction. «Nous sommes partis d’une base de rouleau packer, sur lequel nous avons soudé des lames disposées en V et inclinées de façon à ne pas entrer en terre. L’idéal aurait été d’avoir des lames de forme hélicoïdale mais dans le secteur, personne n’a pu nous en fournir.» Le problème, désormais, est de trouver comment modifier ce rouleau pour qu’il soit cohérent avec le nouveau semoir 6rangs. Pas facile, car un repliage est nécessaire.

Semis retardé

Le changement de semoir a été motivé d’abord par la largeur de travail. Les utilisateurs ont trouvé au Väderstad l’intérêt d’’une distribution électrique et d’une plus grande aptitude à travailler à grande vitesse. Même si en semis direct, on ne vise pas plus haut que 10-12km/h. C’est également un modèle d’expo, ce qui a permis une baisse de prix. Le MaxEmerge était également apprécié, même si la régularité sur le rang n’est pas jugée parfaite.

Au chapitre des accessoires, le Tempo est doté d’un disque ouvreur, d’un chasse-débris rotatif, important selon Benoît Jadaud, et d’une roue de rappui des graines. La fermeture du sillon est assurée par deux roues classiques: «Avec les années de semis direct, le sol se referme de mieux en mieux. Nous essayons également de rouler les parcelles après le semis.» Les ravageurs du sol comme les limaces ne causent pas de problèmes particuliers, mais le semoir possède un micro-granulateur s’il le fallait. «Nous privilégions des variétés de maïs avec une bonne vigueur au départ, d’autant plus que nous semons un peu plus tard qu’en technique classique puisque le sol se réchauffe moins vite.»

rouleau faca

Le rouleau de 3 m demanderait désormais à être élargi.

Croire à ce qu’on fait

Chez les adhérents de cette cuma, le semis direct s’inscrit donc dans une démarche globale, hors des sentiers battus. «Il faut croire à ce qu’on fait, précise Benoît Jadaud, et ne pas être gêné par le regard des voisins. Dans un gaec, ça ne marche que si tous les membres vont dans le même sens.» Même s’il estime que les rendements sont globalement préservés, il reconnaît qu’il peut y avoir des accidents, qu’il faut pouvoir assumer. Il souligne aussi l’importance des échanges entre agriculteurs et de la formation continue au sein de groupes de développement comme l’APAD. L’organisation des chantiers n’est pas plus difficile qu’en itinéraire traditionnel, au contraire. Une fois le couvert détruit, il n’y a qu’une seule opération à positionner: le semis.

Coût: 40 €/ha

Le MaxEmerge avait coûté 23.000€ en 2010, et était facturé 35€/ha dans les derniers temps, pour un peu moins de 200ha d’activité. Le Tempo a été acheté 42.000€ (modèle d’expo) et est facturé 40€/ha. Un coût nettement supérieur à celui d’un semoir classique mais l’agriculteur n’a aucun frais de préparation de sol.

D’autres témoignages dans le dossier du mensuel Entraid’ de mai 2018.

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