Cet hiver n’a pas vraiment été favorable aux semis de céréales d’hiver. L’eau en excès dans de nombreuses régions de France a retardé les semis mais aussi les levées. Outre le potentiel de rendement réduit, Arvalis a déjà constaté des dégâts avec, dans certaines zones, des pourrissements de germes et manques de plantules.
Compter sur le terrain
En revanche, l’hiver que nous vivons avec des températures douces permet aux plantes de se refaire une santé en levant et tallant assez rapidement. Une manière de compenser leur retard ? Pas partout, et il risque d’avoir une grosse hétérogénéité de développement entre les parcelles, voire dans une même parcelle.
Cependant, dans certaines zones où l’eau a été excédentaire pendant longtemps, il est probable que l’ensemble des graines et plantules aient disparu. « Dans le cas où en sol profond, on ne compte que 80 à 100 plantes par mètre carré, bien répartis, on peut considérer qu’elles ont les capacités de rattraper leur retard », estime Arvalis dans une note de mi-janvier. Le tallage encore possible et le système racinaire bien développé, permettent de conserver la culture. D’autant, que le resemis n’est pas sans un surcoût.
Désherbage automnal
Cependant, si une croûte de battance a fait son apparition ou si l’engorgement des sols est durable, il faudra compter la population et décider d’un resemis au cas par cas. Il faut tout de même savoir que, si la structure du sol a été dégradée lors des semis, alors les capacités de la céréale seront limitées. Même conclusion lorsque la parcelle est très sale et qu’aucun désherbant n’a été appliqué avant l’hiver.
La question du désherbage doit être également être prise en compte. Une parcelle clairsemée se salira plus rapidement qu’une autre. Il faut donc que l’agriculteur soit capable d’intervenir dans sa parcelle dès les premiers jours du printemps. « Attention à ne pas affaiblir la plante déjà chétive en y appliquant un produit phytosanitaire ou endommageant les feuilles avec une herse étrille dans des conditions froides ou peu favorables », rappelle l’institut technique.
Enfin, s’il faut réimplanter une culture, il faut rester vigilent quant à la phytotoxicité (voir encadré). Celle-ci peut concerner les nouveaux semis dans des zones où les programmes de désherbages chimiques ont déjà débuté en automne. Le risque est de constater une non-levée ou un retard. Pour cela, l’agriculteur doit bien consulter les restrictions listées sur la notice du produit. Et de rappeler, « en cas de mélange des produits, le plus restrictif est à prendre en compte. » Dans certains cas, le travail du sol peut permettre d’avoir un peu plus de souplesse.
Trois années d’essais
Arvalis a testé les réimplantations de cultures de printemps après un semis d’hiver loupé pendant trois années, de 2013 à 2015. Après avoir semé des céréales à paille sur un sol argilo-calcaire moyennement profond et à une date normale, les ingénieurs ont désherbé avec une différents programmes avant l’hiver. En février, pour simuler un échec, les céréales ont été détruites. Pour tenter de cultiver tout de même, les conseillers ont implanté de nouvelles cultures : blé dur, orge de printemps, pois de printemps, féveroles, ray-grass, colza, tournesol, luzerne, maïs et betteraves. Les dates de semis sont celles classiquement recommandées et aucun labour n’a été réalisé. Les ingénieurs ont ensuite noté les cultures à différents stades de développement de la plante : à la levée, 15 à 30 jours après et début juin.
Les betteraves à éviter
Globalement, dans cet essai, le blé dur, orge de printemps et maïs se substituent très facilement aux céréales d’hiver. « Des symptômes de phytotoxicité passagers sont parfois visibles mais sans remettre en cause la culture nouvellement implantée », précise Arvalis dans une note. À l’inverse, les betteraves, la luzerne et le ray-grass sont proscrits. Dans les cas de semis de colza de printemps ou d’un protéagineux, culture avec davantage de potentiel, il faudra bien se renseigner sur les spécificités des désherbants appliqués à l’automne.
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