Sans la cuma, « Pas autant d’élevage, pas autant de jeunes »

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Sans la cuma, « Pas autant d’élevage, pas autant de jeunes »

« On y arriverait sans la cuma, mais franchement, quand on voit les prix en individuel et en collectif, il n’y a pas photo. » Pascal Isserte, président de la cuma de Bessonies.

Sans cuma, les exploitations existeraient mais de manière plus précaire. Elles seraient directement fragilisées par l’augmentation du prix des matériels et peineraient à renouveler, expliquent des responsables lotois. Il n'y aurait pas autant d'élevage, ni de jeunes agriculteurs.

Sans la cuma ? La question fait presque rire Pascal Issertes, de la cuma de Bessonies. Il faut dire qu’il fait partie des adhérents à la désileuse automotrice. Un salarié passe quasi quotidiennement préparer et distribuer la ration, et ce depuis treize ans. « Le chauffeur met un quart d’heure, peut-être un petit peu plus en hiver. On gagne une heure de notre temps par jour. C’est énorme ! », lâche-t-il, en déplorant que la majorité des agriculteurs ne comptent pas leur temps dans leurs calculs. « On y arriverait sans la cuma. Mais franchement, quand on voit les prix en individuel et en collectif, il n’y a pas photo. »

« Sans cuma, ça serait compliqué »

Un point de vue que partage Matthieu Brunet, de la cuma des Causses de Lalbenque. « Certains disent que l’augmentation de la taille des exploitations va tuer la cuma. Mais vu les prix des matériels, je n’en suis pas certain. D’autant plus quand, comme nous, on a besoin de matériels très diversifiés. Même un gros Gaec va réfléchir avant d’acheter autant de tracteurs que d’associés. Sans la cuma, la polyculture élevage, ça serait compliqué. »

Sylvain Roussiès, de la cuma de Saint-Médard-Nicourby, ne dit pas autre chose. « Nous, si les cuma n’existaient pas, on serait en vie… mais on travaillerait différemment, les exploitations seraient bien moins développées. S’il n’y avait pas ces matériels, on ne ferait sans doute pas non plus tant de bovins. »

Une mécanique fragile

Chez Pascal Issertes, il y a du nouveau à la ferme. « Mon exploitation a grandi et j’installe mes deux fils. Sans la cuma, il aurait fallu changer de matériels. » Cela n’empêche pas le président de rester pragmatique. « Pour la récolte et le foin, chacun est équipé, en gros. Pour la pulvé, on fait appel à une entreprise. Leurs gars ne font que ça, ils sont équipés et les matériels contrôlés régulièrement. »

Mais il reste convaincu du lien entre cuma et installation. « On a eu la chance de voir arriver des jeunes motivés, qui ont aussi des copains qui s’installent. Ils sont intéressés par le groupe de désilage, par la minipelle… Tout ça nous donne une cuma très hétérogène : ça va de 20 à 60 ans, avec des exploitations aussi très diverses. « Ça nous a permis de motiver, de garder des jeunes dans notre Haut Ségala, appuie Sylvain Roussiès. Un groupe moteur, c’est énorme, il ne faut pas oublier que ce sont des personnes qui créent cela », souligne-t-il.

Tous rendent compte de la fragilité de la ‘mécanique’ cuma, portée par une poignée de personnes parfois confrontées à des comportements d’adhérents ‘usants’. À noter : cette fatigue n’atteint pas que les responsables de cuma. On lisait dans la presse locale bretonne, en début d’été, le témoignage de ce responsable de l’union professionnelle Entrepreneurs des territoires. Celui-ci a décidé de raccrocher les gants après vingt ans d’activité, sous pression, notamment, en raison de l’attitude d’une partie des clients et des sollicitations de dernière minute.

Des techniques éprouvées

Ni miracles ni magie dans les cuma interrogées. Ces responsables et leurs prédécesseurs ont mis en place quelques modes de fonctionnement qui ont permis de maintenir la dynamique du groupe. D’abord, beaucoup de communication via tous les canaux possibles (réunions quand c’est nécessaires mais aussi textos, groupes WhatsApp). Puis, lorsque les exploitations sont très hétérogènes, une banque de travail pour ‘objectiver’ le travail des uns et des autres et rééquilibrer si besoin. Cela permet aux responsables d’atténuer le sentiment d’iniquité qui pourrait exister entre adhérents.

Ensuite, la répartition des responsabilités entre quatre à cinq personnes. Cela n’épuise pas les responsables et permet de transmettre le mandat plus facilement. Et enfin, du pragmatisme : « Laisser de la souplesse sur l’organisation, par rapport aux matériels, mais être intransigeant sur la casse », comme l’illustre Mathieu Brunet.

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