Elle est propre, à l’abri des regards des urbains et presque prête. L’aire de remplissage et de lavage de pulvérisateurs de la cuma Nord-Ouest de Ardennes, située à Eteignières, attend que les dernières gelées soient passées pour prendre ses fonctions. C’est l’aboutissement de trois années d’études de conception, de devis, d’achat de terrain et de réalisation.
Chacun son utilisation
Une petite trentaine d’adhérents se sont retrouvés autour de ce projet et engagés pour quinze ans. Mais avec une potentielle utilisation différente de l’outil. Certains ont leur propre pulvérisateur, d’autres utilisent celui de la cuma. Il y a ceux qui s’en serviront uniquement pour nettoyer leur pulvé et les autres qui utiliseront toutes les fonctionnalités. Mais c’est également pour faciliter l’utilisation des deux pulvérisateurs de la cuma que cette aire de remplissage et de lavage de pulvérisateurs a été imaginée.
Pour la réaliser, le groupe d’Ardennais s’est donné les moyens. L’investissement se chiffre à 90 000 € dont 60 % de subventions. « Il fallait que l’utilisation de cet outil corresponde aux exigences de la cuma, explique David Hollert, le président. La station est simple d’utilisation, et nous avons choisi des systèmes sans pompes afin de ne pas avoir trop de maintenance. Nous avons également acheté un boîtier qui permet de tout comptabiliser. Nous avons intégré à la plateforme trois phytobacs et un bac de décantation des hydrocarbures. »
Un boîtier pour se connecter
L’aire de remplissage et de lavage de pulvérisateurs est dotée d’une cuve de 6 000 litres avec un remplissage automatique selon le niveau. L’eau utilisée vient de la concession. Au-dessus, une aire bétonnée et étanche, a été conçue pour un écoulement des eaux rapide sans débordement. Trois phytobacs servent à filtrer l’eau de nettoyage des pulvérisateurs. Ils sont remplis de paille et de terre. Enfin, un bac de décantation des huiles et d’hydrocarbures sert à déphaser les eaux souillées.
Grâce à un boîtier connecté à un ordinateur, chaque adhérent doit utiliser un badge pour s’identifier et pouvoir utiliser les équipements de la plateforme. Le volume d’eau utilisé ou le temps passé est ainsi décompté pour être facturé ensuite. « Chaque adhérent cotise pour les charges fixes, cela correspond à 150 € chaque année, précise le président. Ensuite, selon l’utilisation, il payera en fonction du volume d’eau utilisé ou du temps passé. »
Protection des utilisateurs
En effet, l’aire de remplissage et de lavage de pulvérisateurs possède quatre points d’utilisation : la lance à haute pression à eau chaude ou froide facturée au temps. Les trois autres, bras de chargement, point d’aspiration ou enrouleur sont facturés à la quantité d’eau. « Pour avoir toutes ces données, il a fallu investir dans un boîtier. Celui-ci ainsi que son installation a coûté 30 000 € », chiffre le président.
Si elle n’a pas encore servi, les adhérents de la cuma sont déjà enchantés. « Ici, on est au milieu des champs, nous sommes tranquilles pour remplir nos pulvés, fait remarquer David Hollert. Nous avons un outil de travail qui nous protège lors du remplissage, mais qui protège aussi l’environnement lors du nettoyage. On sait qu’on est dans les règles. On a un bel outil de travail qui nous permet de bien faire les choses. »
Pour y parvenir, il faut tout de même s’accrocher. « Je trouve que notre démarche a été peu soutenue, reconnaît le président. C’était assez compliqué au niveau administratif. Le dossier de demande de subventions était très conséquent, heureusement que nous avions une animatrice motivée par ce projet pour nous épauler. Pour la réalisation du chantier, mon collègue David a bien suivi les travaux, il le fallait. Nous avons aussi pu nous appuyer sur quelques conseillers très au fait de la réglementation et de la technique pour que notre outil soit le mieux conçu et optimisé. »
Si peu de doute plane sur la réussite de ce projet, les agriculteurs de la cuma, pour cette fois seulement, attendent avec impatience de sortir leur pulvérisateur pour tester leur nouvel outil de travail.
Une réglementation exigeante
Pour réaliser une aire de remplissage et de lavage de pulvérisateurs, il faut s’attendre à devoir répondre à une réglementation exigeante. Rien n’est laissé au hasard, il en va de la responsabilité de la cuma. « Si pour le moment, la réglementation actuelle semble être assez souple, il faut savoir que s’il y a un problème au niveau de l’environnement, le responsable peut être poursuivi pénalement, mais aussi voir ses aides PAC supprimées », alerte un conseiller de la chambre d’agriculture des Ardennes.L’aire doit avant tout répondre à plusieurs exigences. Le dispositif de remplissage du pulvé doit assurer un non-débordement des eaux grâce à une potence, une cuve intermédiaire, un clapet anti-retour ou un volucompteur. La dalle doit être étanche avec deux sorties : une pour les eaux pluviales et une pour celles chargées en éléments indésirables. Il est bon, également, de localiser cette aire de remplissage près du local phytosanitaire afin de limiter les déplacements de bidons, éloigné d’un cours d’eau et proche d’un équipement complémentaire qui peut être un lavabo, un endroit pour préparer la bouillie, sécher les bidons et ranger les équipements de protection.
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