8 questions pour réussir le renouvellement de sa batteuse

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8 questions pour réussir le renouvellement de sa batteuse

La question à se poser d’emblée dans le groupe qui eut investir est la suivante : veut-on faire carrière ensemble ? Si oui, alors on peut réfléchir à un projet stable et de l’investissement neuf. Ci-dessus, photo d'un chantier de la cuma de l'Union en Deux-Sèvres qui a renouvelé ses deux machines en 2021.

Comment renouveler sa moissonneuse-batteuse? Quelles sont les questions à se poser? Les points clés à avoir en tête pour réussir son achat de moissonneuse-batteuse avec Eric Aubry, conseiller en agroéquipement à la frcuma Grand Est.

Renouvellement d’une moissonneuse-batteuse, par où commencer?

Tout d’abord, penser le renouvellement d’une moissonneuse-batteuse nécessite de connaître ce que l’on va récolter dans les prochaines années: le type de culture, ce qui va « passer » dans la machine. Savoir également s’il y aura beaucoup de paille, et comment sera-t-elle valorisée: type d’élevage, logette, méthanisation? Mais aussi de connaître la surface à moissonner bien sûr en rapport avec le débit de chantier attendu et donc le dimensionnement de la machine; l’exigence de qualité des OS; la saisonnalité des récoltes de manière à enchaîner les chantiers d’été puis d’automne, en tenant compte des décalages fréquents de dates de récolte liés aux aléas climatiques.

L’éloignement des parcelles est aussi un élément important, par rapport aux problématiques de transport et leur configuration (dénivelé, cailloux, etc.). Tout comme les équipements déjà existants avec, par exemple, l’adaptation d’un cueilleur maïs sur le nouveau modèle.

Ce n’est-ce pas toujours facile d’anticiper?

On ne peut pas déconnecter la décision d’achat de l’environnement de l’exploitation. Si l’on récolte de nouvelles cultures, cela va avoir un impact sur la technologie recherchée, le système de battage, la tête de récolte (coupe à tapis, barre de coupe flexible, le type de doigts, etc.), le système de nettoyage.

Si on récolte plus de triticales par exemple que de pois ou davantage de cultures à l’automne qu’à l’été, alors le degré d’usure de la machine ne sera pas le même. L’acheteur doit tenir compte aussi des facteurs externes liés au déroulement des chantiers de récolte, des modes de transport et de stockage qui peuvent influencer les critères de choix de machine: capacité de la trémie, équipement en pneumatiques ou en chenille, etc.

Cela fait beaucoup de variables?

Les choix deviennent plus compliqués. Avant, on avait des systèmes de cultures assez homogènes avec des rotations courtes de trois-quatre cultures comme dans les régions argilo-calcaires. Désormais on compte cinq six cultures, voire plus avec des stratégies évolutives.

Parallèlement, certaines exploitations sont passées en bio avec des rendements inférieurs ou des parcelles un peu plus sales. Ce qui entraîne éventuellement des conséquences sur la vitesse de travail. D’autres exploitations expérimentent des doubles cultures sur une même parcelle ou autoproduisent leurs semences de couverts végétaux.

La moissonneuse devra donc être le cas échéant suffisamment polyvalente.

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Comment évolue le marché des moissonneuses-batteuses?

La moisson est souvent un sujet assez clivant. Pour les agriculteurs, c’est souvent le produit de l’année qui en dépend, ce qui s’est encore vérifié cette année et chacun veut optimiser les heures disponibles. En tarif de moisson, tout le monde a un prix de marché en tête. Il y a au final peu d’erreurs de jugement, même si on observe des stratégies de plus en plus différenciées quant au type de machine, de propriété et d’organisation des chantiers.

Avec parfois des organisations très optimisées où une moissonneuse seule aura à récolter 800ha avec en parallèle un transbordeur puis des camions pour le transport, le défi est de configurer son parc de matériel de façon optimal et de prévoir l’année compliquée avec des solutions externes au cas où.

Quelles sont les tendances fortes sur les types de machines?

Des machines plus technologiques avec des automatismes sur tout, plus puissantes ayant de meilleurs débits de chantiers permettant de limiter les besoins en main-d’œuvre (exemple: une seule machine plus grosse à la place de deux petites), plus chères en raison du perfectionnement des moteurs (norme Stage V) et de nouvelles fonctionnalités, mais aussi des têtes de récolte plus coûteuses. Comptez 600 à 650€/ch en valeur d’investissement. (source GPR Est).

Également plus d’extensions de garanties couvrant l’entretien et les risques de pannes qui deviennent un vrai risque quand on atteint 5 à 600qx/h.

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Selon vous, quelles sont les clés de raisonnement économique à intégrer pour le renouvellement d’une moissonneuse-batteuse?

Au-delà du seul prix de la machine, pensez au coût global de chantier de moisson lors de votre renouvellement de moissonneuse-batteuse. Tous les maillons de la chaîne de récolte et de la logistique: moissonneuse, transport, stockage et triage, doivent être ajustés pour optimiser les coûts et éviter des pertes de performance. Rechercher des économies d’échelles de manière à baisser le coût de récolte a ses limites.

Attention au grain de sable imprévu susceptible de désorganiser les chantiers excessivement tendus. Il est opportun de garder sous le coude des marges de manœuvre ou des solutions de repli pour éviter de se mettre trop de pression mentale. Pour être plus précis, on peut analyser le coût de battage à la quantité récoltée (quintaux), et plus seulement à la surface (ha). Certaines parcelles sont beaucoup plus productives que d’autres et donc le coût à l’hectare n’est pas toujours parlant. On pourrait tenir compte aussi de la valeur de la récolte. Si c’est une production de masse de blé standard ou s’il s’agit d’un blé de qualité supérieure pour un débouché tracé et bien rémunéré, alors le coût de la moisson n’aura pas le même impact.

Cela autorise éventuellement à investir dans une machine plus sophistiquée. Le rapport heures moteur/heures batteur est également un ratio à surveiller. C’est un indicateur pour évaluer le temps de déplacement sur route de la machine et donc les coûts improductifs.

Quelles sont les conditions particulières pour envisager un achat en cuma?

La question à se poser d’emblée dans le groupe: veut-on faire carrière ensemble? Si oui, alors on peut réfléchir à un projet stable et à de l’investissement dans le neuf. La condition est que les gens soient de « bonne volonté », prêts au compromis. Si c’est une création d’activité on peut envisager des projets de financement sur 9-10 ans avec un prêt long terme de 90% (en profitant des taux d’intérêt actuellement très bas) complété par des parts sociales, éventuellement libérées de manière progressive pour éviter de mobiliser trop de capitaux dès le départ.

Les groupes qui se lancent envisagent souvent des renouvellements réguliers tous les 4-5 ans. L’enjeu est d’évaluer si, au bout de ce laps de temps, la valeur de revente de la machine sur le marché de l’occasion est suffisante pour pouvoir rembourser le capital de l’emprunt restant dû. À noter: on rencontre aussi désormais quelques groupes pour lesquels l’achat d’une moissonneuse-batteuse s’inscrit dans une logique de circuit court ou d’autoconsommation. Dans la continuité de la machine, ils vont réfléchir à des cellules de stockage, puis un trieur, etc. Dans cette approche, le prix ne sera pas le seul critère prépondérant.

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Le marché de l’occasion, une solution pour le renouvellement de la moissonneuse-batteuse?

Investir dans une machine neuve pour 100h/an est un non-sens économique. Sur des surfaces intermédiaires, mieux vaut réfléchir à d’autres scénarios, telle que la copropriété, la location sur une courte durée ou l’appel à un prestataire. L’achat d’une occasion est une autre possibilité. C’est le choix réalisé, par exemple, par des agriculteurs en fin de carrière qui ne souhaitent pas réinvestir dans une machine neuve. Comparativement à une ensileuse, une moissonneuse est susceptible de vieillir plus facilement. Certains créneaux sont plus demandés.

Un groupe avec des surfaces moyennes sera prêt à investir dans une machine d’occasion qui, sur le papier, sera trop grosse pour eux mais qui dans la réalité permettra d’admettre un temps d’immobilisation pour panne qui sera rattrapé ensuite par son débit de chantier. Cette solution trouvera écho dans des groupes plutôt restreints ou chacun participe de près au chantier.


RAYONS X

Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X en Octobre 2021. Quatre moissonneuses-batteuses sont passées au scanner économique de la rédaction d’Entraid.

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