L’énergie sera plus chère, devenez autonomes

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L’énergie sera plus chère, devenez autonomes

Le développement agricole prendra de plus en plus en compte les questions de l'énergie, y compris sa production.

La volatilité des prix et l’inflation bouleversent les économies mais ouvrent des perspectives et donnent aux exploitations des choses à faire pour sécuriser leur approvisionnement en énergie.

L’effet ciseau peut tailler en pièces la rentabilité des exploitations agricoles. La volatilité des prix actuelle, ne serait-ce que sur le marché de l’énergie, attise la légitimité de cette crainte. Pour autant, les agriculteurs disposent de quantité de leviers pour s’en prémunir au maximum. Ils se nichent derrière des pratiques ou des choix de conduites culturale ou des troupeaux. En ouverture d’une journée technique sur l’énergie organisée fin mars par la chambre d’agriculture et la fdcuma en Dordogne, Frank Michel (chargé d’études économie et prospective à la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine), propose plus que tout la recherche d’autonomie. « Soyez autonomes le plus possible », insiste-t-il. C’est pour lui un objectif fondamental à suivre, « indépendamment du calcul économique à court terme ». Autrement dit, le choix qui ne serait pas obligatoirement le plus rentable dans l’immédiat, n’est pas pour autant le plus mauvais.

Prix de l’énergie : plus de dix ans de budget PAC déboursé en urgence sur un an et demi

L’expert justifie : « Si le prix de l’énergie flambe, il n’y aura pas un bouclier tarifaire à chaque fois pour tout le monde. » Dans sa présentation du contexte mondial de l’énergie, l’économiste rappelle les hausses récentes « qu’aucune économie ne peut surmonter ». Par rapport à deux ans et demi plus tôt, le prix de l’électricité a doublé en mars 2023. Pire pour le consommateur de gaz qui a vu le prix unitaire moyen tripler sur une période équivalente. Entre temps, entre subventions et compensations fiscales, dans l’espoir de limiter les impacts de cette volatilité des prix de l’énergie, les États d’Europe ont déboursé au total « 657 milliards d’euros », en un an et demi. Frank Michel d’ajouter : « Cela représente 1 500 € par habitant, ou 1,7 fois le budget de la programmation PAC sur ses sept ans. »

L’expert lance la même comparaison à l’échelle nationale. Dix-huit mois de soutiens distribués en bouclier tarifaire, remises carburant… « 92 milliards d’euros, c’est l’équivalent de dix ans de PAC ». Il précise enfin : « On sait que nous ne pourrons pas le refaire. » Là s’alimente certainement l’empressement de catalyser d’autres réactions. Et alors que l’Europe réorganise son approvisionnement en gaz, elle en diminue en même temps sa consommation.« L’enjeu est aussi d’améliorer la souveraineté énergétique », évoque le chargé d’études.

Les énergies renouvelables ont vent dans le dos

Pour la première fois, et après avoir déjà doublé le charbon, « cette année la production électrique provenant des énergies renouvelables dépasse celle issue du gaz », rappelle-t-il. Sans compter que les voyants de la compétitivité de ces énergies renouvelables ont aussi pris un coup de vert à la faveur de l’affolement des marchés. «  Le solaire et l’éolien, c’est 22 % de l’électricité en Europe aujourd’hui. » Et dans la mesure où les politiques publiques entendent sécuriser les approvisionnements en énergie, ce n’est qu’un début. Par extension, Frank Michel pense aussi que « nous ne sommes vraiment qu’au début de la pression que nous constatons sur le foncier pour le développement du photovoltaïque ».

Début du chantier

Même en dépit des volontés de maîtriser la consommation, tout en augmentant la capacité de production, Frank Michel, ne voit aucune raison qui pousserait les prix des calories, joules et autres wattheures à désenfler. « Nous devons nous projeter dans un monde où l’énergie sera plus chère », assène-t-il. Ce qui, pour ceux qui en produisent, constitue plutôt une bonne nouvelle.

Ainsi, cet exposé du 23 mars à Périgueux, « ce n’est pas une présentation pour dire que le monde s’écroule », l’orateur l’assure. Il pointe plutôt « un monde qui se transforme, où tout est à construire. La vraie question est : comment mobilise-t-on les leviers par rapport à l’agriculture pour ce développement ? »

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