Presque dix ans de modulation

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Presque dix ans de modulation

L'enregistrement d'un semis de maïs modulé en densité.

Avec une cuma équipée de matériels compatibles, il est plus facile de se lancer dans la modulation. Témoignage de Pierre-Antoine Hoinard, utilisateur de la plateforme Climate Field View pour moduler les semis et la fertilisation.

Pierre-Antoine Hoinard (Maine-et-Loire) a mis le pied dans l’agriculture de précision et à la modulation à la carte en s’abonnant à la plateforme Climate Field View. « J’y ai chargé cinq années de cartes de rendement, ce qui m’a permis par exemple de voir les zones qui décrochent », se souvient-il. Quant à savoir quoi faire de ces informations, il a pour cela travaillé avec la coopérative, et avec le semencier Dekalb. « La plateforme analyse les cartes et en tire un zonage des différents niveaux de potentiel, appelé “script”. »

Réduire la densité pour un meilleur rendement

Ensuite, le semencier fait une préconisation de densité selon la variété ». Il a ainsi modulé la densité de semis pour du tournesol et du maïs. « En réduisant la densité dans les zones à faible potentiel, on laisse à chaque plant plus de chances de s’exprimer. Le rendement est finalement meilleur à ces endroits-là. Par contre, sur les zones à fort potentiel, j’ai pu augmenter un peu la densité et gagner encore en rendement ».

Pierre-Antoine Hoinard et la modulation

Pierre-Antoine Hoinard s’est forgé une expérience qui profite aux autres adhérents de la cuma.

Déclencher l’apport au bon moment avec la modulation

Mais Pierre-Antoine Hoinard s’est également penché cette année sur la fertilisation azotée. « Climate Field View me fournit également des cartes de biomasse et de végétation, à peu près chaque semaine. Elles me permettent de suivre de près le développement des cultures ».

Sur le blé, il peut ainsi moduler les apports d’azote. Au départ, il en apporte un peu plus sur les zones à la traîne. Pour le dernier apport, la logique se porte plutôt sur l’obtention d’un bon taux de protéines.

Dans tous les cas, c’est lui qui paramètre la création de la carte de préconisation, en particulier la fourchette de variation de la dose d’engrais, en fonction de sa propre expertise et de ses objectifs. « L’intérêt de ce système, c’est la répétition des cartes, qui me permet de suivre l’évolution de la situation et de mieux cibler la date d’apport de l’engrais, en tenant compte également de la météo ». En effet, avec les services ne proposant qu’une seule carte dans la saison, il peut arriver que l’information tombe en pleine période sèche, avec un engrais qui sera peu valorisé.

Les cartes de rendement pour évaluer l’efficacité de la modulation

En 2023, Pierre-Antoine Hoinard devrait tester un autre service, l’accès à des images de la santé des céréales, également issues d’observations de satellites, pour moduler éventuellement des fongicides.

Même s’il dispose de quelques analyses de sol classiques, il se base sur les cartes de rendement pour évaluer l’efficacité de ses pratiques de modulation de densité de semis ou de fertilisation azotée. « Pour aller plus loin, mieux connaître le potentiel des parcelles, et moduler aussi le phosphore, la potasse ou le chaulage, il faudrait passer à la cartographie des sols par mesure de résistivité. Le coût, de l’ordre de 100 €/ha, paraît encore élevé, mais quand on voit le prix actuel des engrais, on peut se poser la question ».

modulation: consoles dans la cabine d'un tracteur

La console S10 du tracteur (en haut à droite) sert au pilotage des matériels Isobus (donc pour la modulation) et pour l’autoguidage. A gauche, de haut en bas : la console du télégonflage, la tablette dédiée à Climate Field View et l’écran de la caméra de recul.

Un parc de cuma taillé sur mesures

Sur le plan économique, l’abonnement à Climate Field View lui coûte 300 €/an. Il lui a aussi fallu acquérir une tablette et un peu de connectique. « J’ai un petit boîtier de communication qui se branche sur le réseau Isobus du tracteur, appelé un « drive ».

Il permet d’enregistrer automatiquement les données de chantier, y compris le sens de déplacement sur les lignes de guidage. J’ai ainsi un aide-mémoire de tous les travaux, bien utile dans les périodes chargées où je n’ai pas trop le temps de tout noter ». Le système ne fait pas le lien automatiquement vers un cahier de fertilisation, par exemple, mais a moins il assure la sauvegarde.

Un investissement raisonnable

Côté matériels, Pierre-Antoine Hoinard s’appuie sur le parc de la cuma Des Éleveurs du Tremblay. Il en est à la fois adhérent et salarié. « La cuma possède des tracteurs Claas équipés de la console Isobus S10. Elle permet l’autoguidage, et dispose d’une licence pour la modulation avec différents outils ».

Il s’agit de d’un combiné de semis de céréales en six mètres, d’un épandeur d’engrais et d’un semoir monograine neuf rangs. Les pulvérisateurs sont également compatibles, pour le jour où ils devraient eux aussi faire de la modulation. La cuma a néanmoins une console indépendante, Amazone Amatron 4. Elle sert pour l’épandeur d’engrais que les adhérents peuvent atteler sur leur propre tracteur au lieu de solliciter une prestation complète.

Mais au total, l’investissement nécessaire à la modulation s’avère raisonnable, et se trouve partagé entre les adhérents de la cuma. Dès lors qu’on a opté pour une console dédiée à l’autoguidage, il n’y a plus qu’à payer une licence de mise en jour pour la modulation.

drive de chez Climate Field View pour la modulation

Le « drive » de Climate Field View (à droite) se branche sur une prise Isobus en cabine via un faisceaux spécifique.

Optimiser les intrants et préserver l’environnement

« En fait, la modulation de fertilisation se pratique depuis 2013 dans la cuma, en particulier avec Farmstar. Soit nous réalisons le chantier avec leur carte, soit les adhérents le font eux-mêmes. Certains utilisateurs de la moissonneuse de la cuma demandent également les cartes de rendement, qui sont disponibles sur la plateforme Claas Telematics. D’autres adhérents s’intéressent aussi à la modulation de densité de semis. Nous sommes dans une tendance générale à optimiser les intrants, et à préserver l’environnement ».

Qu’ils maîtrisent ou pas la technologie, ces adhérents savent en tout cas que les salariés de la cuma sont là pour les aider en cas de doute sur le fonctionnement de la console.

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