Son autre travail l’engage pour un petit mi-temps dans le BTP, secteur qui l’aimante depuis une première expérience dans le cadre du remembrement. Quand en 2009, la mésentente pointe au sein du Gaec, il renonce à son activité principale, quitte tout pour l’Alsace, et devient salarié du bâtiment. Il ne reviendra que six ans plus tard sur les terres familiales. Il s’installe alors en bio -un vrai choix- avec son frère Sébastien, dans le cadre d’une SCEA autour de 40 mères allaitantes et 135 ha. L’avantage ? Ils partagent des valeurs familiales fortes, et leurs parents les encouragent.
L’envie d’aider
« Travailler avec mon frère en étant tous deux pluriactifs, c’est du bonheur ! » Si Sébastien est professeur au lycée agricole de Château-Salins, lui, reprend un emploi dans le BTP. Il deviendra même triple actif en travaillant en plus pour une ETA. Il faut dire qu’il a toujours aimé conduire les grosses machines… Son élection en 2019 en tant que président de la cuma s’inscrit dans un emploi du temps chargé. Pas de quoi l’arrêter : « Les cuma proposent des pistes pour évoluer, et j’ai toujours eu envie de progresser, d’aider les autres. »
Quentin Van Camp, l’animateur frcuma Grand-Est en Moselle, témoigne : « Il est entreprenant, sait où il veut aller et se donne les moyens d’y arriver. Quand on l’a évoqué, il s’est aussitôt approprié ce concept de ‘Manufacture de proximité’ pour monter un dossier. C’est aussi un très bon leader : il sait être strict quand il faut, mais aussi laisser la place aux autres. Chacun a son expertise. » Ainsi au bureau, Catherine Galand s’occupe-t-elle de l’administration, des dossiers, de la communication, Vincent Hasse est responsable de la section pressage et d’une partie du travail du sol, Philippe Verkler de l’épareuse, des bennes…
Apprendre à dialoguer
Ce parcours donne l’illusion que tout lui vient avec une facilité déconcertante. Alain Vincent nuance : « Au début de ma présidence, j’étais trop frontal, trop direct. Mais il y en a plus dans deux têtes que dans une. J’ai appris avec les méthodes de management : en partageant mieux avec mes collègues, les solutions peuvent venir d’eux. Parfois, le projet en est ralenti, d’autres fois il va plus vite… » Il a appris aussi à discuter avec la commune, adhérente de la cuma, pour obtenir le terrain de l’ancien quartier de la gare, qui permettait d’envisager des extensions futures, plutôt que celui proposé en face des anciens locaux qu’elle lui louait. Anticiper toujours…
Le bureau a même été trop loin en solo dans l’élaboration d’un dossier pour la construction d’un nouveau bâtiment, et ainsi déposer un dossier DiNA dans les temps. « C’est pour cette raison que Quentin, notre animateur frcuma, nous a trouvé cette possibilité de candidater au label de Manufacture de proximité. » Lequel confirme avoir perçu l’intérêt immédiat d’Alain pour cette nouvelle piste, en même temps que l’encouragement de sa direction. Mais il en est certain : « Avec ou sans financement, leur projet aurait été mené à bien. »
Gagner en autonomie
Pour le gros œuvre du bâtiment monté sur le terrain convoité, la cuma a contracté un emprunt, « juste avant que le taux ne monte », se réjouit encore Alain. La construction désormais achevée, il leur reste à aménager une partie atelier de mécanique pour la réparation et l’auto-construction, un espace pour l’outillage, un bureau, un local pour les salariés. Avec à l’étage, la salle de réunion à partager pour se retrouver et se former, et des WC accessibles aux handicapés, qui ont modifié les plans pour répondre aux normes d’une Manufacture de proximité.
Le terrain de leur nouveau quartier général accueillera dès cette année des extensions : « Une aire de lavage des pulvérisateurs avec station phytobac de récupération et traitement des effluents, une cuve GNR enterrée, et un local fermé pour ranger à part les graisses et phytos. » En 2024 suivra la construction d’un local pour le stockage du matériel, encore chez les adhérents. « Il sera couvert de panneaux photovoltaïques pour gagner en autonomie énergétique. » À plus court terme, les sujets ne manquent pas : « La participation à la démonstration d’épandage organisée par la frcuma à Château-Salins, un cinquième tracteur à poste fixe pour la débroussailleuse, le renouvellement encore à discuter du semoir de précision… »
Fin 2022, Alain a quitté le BTP pour un poste de technico-commercial en nutrition animale, à l’emploi du temps plus souple pour tout mener de front. « La cuma me prend beaucoup de temps. Surtout en réflexion, observe-t-il. Toute la difficulté est de garder la dynamique de départ : je pense tout le temps à ce qui peut nous faire avancer ». Son ouverture d’esprit et son optimisme sont communicatifs : partager le tout nouveau bâtiment de la cuma avec d’autres ruraux en sera désormais la signature.
2009 quitte le gaec après 8 ans pour un poste salarié dans le BTP
2015 revient s’installer en bio (avec son frère) en étant pluriactif dans le btp et en ETA
2019, élu président de la cuma de Maizières