Chaud, le méthaniseur !

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Chaud, le méthaniseur !

Le méthaniseur avec lequel la cuma des Eleveurs du Bergeracois travaille. C’est le premier site visité par le maire de Lévignac-de-Guyenne, Jean-Paul Berry, et Emmanuel Carles, président de la cuma intercantonale de Seyches.

La cuma intercantonale de Seyches et la commune de Lévignac de Guyenne, dans le Lot-et-Garonne, portent un projet d’unité de méthanisation bien construit. Au lieu de trouver des usages «a posteriori» de la chaleur, c’est  à l’inverse ce besoin qui a donné l’impulsion.

Au départ, il y a… le club de basket de Lévignac de Guyenne, qui a besoin de chauffer la salle immense, 6000m3, où cette équipe reçoit quelques adversaires costauds. Mais il y a aussi l’école, la cantine, la bibliothèque et la salle polyvalente, soient 15000m3 d’espace à chauffer dans ce village qui compte 650 habitants et plus de 20 associations.

 

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Facture de chauffage divisée par deux

Le maire-agriculteur, Jean-Paul Berry, évoque ce problème avec son voisin, Emmanuel Carles, président de la cuma intercantonale de Seyches. Les investissements, pour chauffer la salle de sport, s’élèveraient à 170000€, sans compter des factures salées ensuite. Emmanuel Carles, qui a participé à une réunion sur ce thème pilotée par la fdcuma de Lot-et-Garonne, le conseil départemental et la chambre d’agriculture, propose la solution «méthanisation».

Tous deux décident d’aller rendre visite à la cuma des Eleveurs du Bergeracois, où Francis Cadalen, qui a porté un projet similaire et aujourd’hui opérationnel, leur fait un bilan objectif : rentabilité, emploi, approvisionnement du méthaniseur, financement, difficultés : tout est évoqué.

Après une réunion avec les éleveurs du secteur, le projet est sur les rails. Outre la commune, qui diviserait le montant de sa facture de chauffage hivernal par deux, la chaleur intéresse la coopérative de séchage de prunes, établie à seulement 400m du site préconisé pour l’implantation du méthaniseur, avec une besoin très élevé en août.

Emmanuel Carles détaille également un projet de séchoir en cuma, pour les périodes du printemps et de l’automne, qui servirait à sécher à basse température maïs (pour le gavage des canards), fourrages et céréales. Soit de la plus-value pour les éleveurs, mais aussi les céréaliers du secteur.

Transparence

L’autre particularité du projet lévignacais, c’est la volonté de transparence, à la fois envers les habitants de la commune et les administrations, qui ont été associées très en amont.

Cela passe par des réunions publiques organisées dès le départ -la première eu lieu en juillet 2014, «et la volonté de répondre à toutes les questions très tôt, d’aller les chercher quand on ne les a pas», témoigne Jean-Paul Berry, qui souligne l’importance d’être accompagné d’un bureau d’étude qui maîtrise le sujet (en l’occurrence Solagro). Le sujet suscite, dès la première réunion, l’intérêt de 130 personnes.

Les administrations sont associées très tôt aussi, comme en témoigne Jean-Paul Berry :

Désamorcer

Le projet est désormais porté par un comité de pilotage qui inclut bien sûr des éleveurs «moteur», Emmanuel Carles en tant que président de la cuma, le maire, des habitants (dont une personne retraitée de l’Ineris, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques) et deux représentants de la communauté anglophone, très ancrée dans ce secteur.

Les questions les plus fréquentes portent sur les odeurs, l’augmentation du trafic routier, les risques. Les porteurs du projet répondent aux inquiétudes dès qu’elles s’expriment et le maire a mis à disposition de ceux qui le souhaitaient, un minibus. Destination : le méthaniseur du lycée de Périgueux, situé en plein centre-ville. La visite avec le responsable a permis de lever la plupart des craintes.

 

Nourrir la bête

L’approvisionnement reposerait sur les déjections animales fournies par 10 éleveurs (bovin lait, viande, ovin, caprin, volailles, palmipèdes) totalisant 5000m3 de lisier et 10000t de fumier, dans un rayon d’environ 7km.

Le secteur étant classé Zone vulnérable, les agriculteurs vont devoir implanter des cultures intermédaires (estimation : 600t MS). Des cultures qui pourraient alimenter le méthaniseur, tout comme les tontes de bords de route. Le Département avait déjà engagé une réflexion à ce sujet, qui pourrait porter ses fruits à Lévignac.

Enfin, certains industriels locaux ont exprimé de l’intérêt pour ce projet, avec des déchets de céréales, de fruits et légumes, sans compter les menues pailles mobilisables par les exploitations portant le projet (280 tonnes brutes pour 185ha).

 

Aujourd’hui, une petite opposition, plus politique que technique, persiste. Le projet est sur les rails et Ademe, Région et conseil départemental soutiennent ce projet qui permettra, au-delà du besoin de chaleur initial, de créer du revenu pour les porteurs de projets (voir encadré ci-dessous), de faire baisser la facture de la mairie, de gérer les déjections issues des élevages (bovins, ovins, palmipèdes et volailles) avec un plan d’épandage en commun, de consolider l’activité de la cuma… et de créer deux emplois directs.

 

Le financement

• Estimation du coût du projet : environ 3 millions d’euros

• Aides à l’investissement : 38% ; emprunt bancaire : 47% ; fonds propres : 15%
Les fonds propres représenteraient 430000€, apportés par 4 collèges :
- un collège agriculteurs (40%)
- un collège Collectivité, incluant la commune de Lévignac (22%)
- un collège co-apporteurs pour les entreprises fournissant des ressources organiques (13%)
- un collège financement participatif (25%)

C’est ensuite EDF qui s’engagera par contrat à racheter l’électricité produite. La chaleur sera également achetée par ceux qui en bénéficieront (commune notamment).

 

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