Stockage du carbone, mode d’emploi

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Stockage du carbone, mode d’emploi

Les techniques d'agriculture de conservation des sols et d'agroforesterie sont toutes indiquées pour la séquestration du carbone dans les sols agricoles.

Ce que l’on sait à présent : il va falloir stocker du carbone atmosphérique, en tout cas plus qu’on en déstocke si l’on veut limiter les effets des réchauffements climatiques. Voici quelques fondamentaux pour se mettre les idées au clair sur les liens entre carbone et agriculture.

Pourquoi demande-t-on aux agriculteurs de stocker du carbone ?

Fondamental 1

L’agriculture est l’un des rares secteurs (avec l’industrie) qui peut à la fois émettre et stocker des gaz à effet de serre (GES) sous forme de carbone. Les GES agricoles, sont le dioxyde de carbone (CO2) bien sûr, mais l’agriculture a la particularité d’émettre du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O), l’ensemble étant exprimé en équivalent de tonnes de CO2, tonnes équivalent CO2.

Fondamental 2

L’agriculture est à ce jour le moyen le plus économique et énergétiquement efficace pour stocker du carbone atmosphérique. Mais ce stockage est très facilement réversible, et limité.

Comment les agriculteurs peuvent-ils stocker du carbone ?

Fondamental 3

Les techniques agricoles de stockage du carbone peuvent être mises en œuvre à grande échelle, immédiatement, sans investissements énormes, contrairement aux technologies industrielles. En effet, les surfaces agricoles, notamment celles conduites depuis longtemps en grandes cultures, parfois très appauvries en matières organiques, recèlent un grand potentiel de stockage de carbone :

  • soit en le stockant (et en le maintenant) sous forme durable dans la matière organique des sols avec l’implantation, la destruction et la décomposition de couverts végétaux ;
  • soit en le stockant sous forme sous forme de végétaux (cultures, prairies, haies, forêts, etc.).

Dans tous les cas, la couverture permanente des sols est essentielle : Agriculture de Conservation des Sols et Agroforesterie sont toutes désignées. Attention, le stockage du carbone est facilement réversible : retourner une prairie, perdre de la matière organique ou abattre des arbres entraînent un déstockage immédiat. Sans compter le plafonnement de ce stockage, du moins dans les sols, qui peuvent atteindre un maximum de matière organique (et donc de stockage de carbone).

Quelle rémunération pour les agriculteurs qui stockent du carbone ?

Fondamental 4

Les techniques de mesure des quantités de carbone séquestrées avancent à pas de géant : on se dirige d’une obligation de moyens à une obligation de résultats pour être rémunéré. Plutôt que la transition (donc le différentiel de stockage), c’est le service rendu sur une campagne qui sera évalué.

Fondamental 5

Aujourd’hui, peu de mécanismes compensent intégralement les coûts directs des techniques de stockage du carbone. Mais les co-bénéfices des techniques de séquestration sont importants et multiples (meilleure structure des sols, augmentation de la biodiversité, amélioration de la circulation et de la qualité de l’eau, paysage, etc.). Ils sont encore peu évalués, caractérisés et rémunérés. Après la mesure des quantités de carbone séquestré, cela sera sans doute le dossier prioritaire.

Fondamental 6

Le marché du carbone est en train de se structurer (aujourd’hui, en 2023, c’est la jungle). Mais le stockage du carbone et les co-bénéfices devraient faire partie de la rémunération des agriculteurs à moyen terme via plusieurs types de mécanismes : le marché (direct ou via les filières) et/ou le soutien public à différentes échelles, voire les particuliers.

Émissions de gaz à effet de serre : comment les agriculteurs vont-ils être impactés ?

Fondamental 7

De l’autre côté du spectre, l’agriculture émet beaucoup de gaz à effet de serre. Deux sont très « réchauffants » pour le climat : le protoxyde d’azote et le méthane. Le secteur a donc aussi un gros potentiel de réduction des émissions de GES. Mais là, c’est plus douloureux que la séquestration du carbone. Deux leviers semblent évidents tant ils pèsent. La régulation de la fermentation entérique causée par le cheptel mondial de ruminants (bovins en tête). Et celle des émissions de protoxyde d’azote, surtout liée aux épandages d’engrais. Dans les deux cas, les remèdes technologiques font l’objet d’intenses recherches, mais aucune solution miracle ne semble se dégager. Faudra-t-il tailler dans le vif ? On parle bien des choix alimentaires de demain.

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