S’il s’agit d’une cuma très particulière, ses pratiques de formation des salariés saisonniers pourraient inspirer d’autres groupes pour lesquels recruter et fidéliser les saisonniers peut devenir un casse-tête.
Ce ne sont pas moins de 70 contrats saisonniers qui sont signés chaque année au sein de la cuma Aptoca. Un gros effectif, dont environ 60% revient régulièrement. Ce taux, s’il est correct, devra encore s’améliorer, reconnaît le directeur Yannick Van Landeghem. «Nous avons deux objectifs, détaille le directeur: satisfaire nos clients industriels, pour lesquels la qualité et la sécurité alimentaires commencent au champ, mais aussi maximiser le revenu des producteurs. Les chantiers de récolte, sur lesquels interviennent les saisonniers, constituent une intervention extrêmement importante pour le reste de la filière.»
Et ces postes sont cruciaux, en témoignent les efforts déployés par la coopérative pour recruter et garder ses saisonniers: outre une rémunération «bien meilleure que dans d’autres secteurs agro-industriels», la cuma insiste sur la sécurité et la montée en compétence de ces salariés. «Nous travaillons également, à travers le Groupement d’intérêt économique Thématik’Agri2020, à développer leur employabilité. En clair, pour pouvoir proposer avec le réseau départemental des partenaires, des parcours moins discontinus.» Les saisonniers pourraient ainsi se voir offrir des séquences de travail de 4 ou 5 mois sans interruption.
Chez Aptoca, après une première phase d’entretien, les candidats retenus rencontrent les responsables d’activités lors d’une séance d’intégration, qui dure environ 3 heures.
Donner du sens
Le responsable leur explique le déroulement des chantiers, en s’appuyant notamment sur de petites séquences vidéo. Est également remis au salarié un livret d’intégration stipulant les règles et les bonnes pratiques, avec le Document unique d’évaluation des risques, le contrat et la fiche de poste, qui doit être lue et signée.
Mais la motivation passe également par le sens que les saisonniers peuvent donner à leur activité. «Le monde évolue et ces salariés ont de plus en plus besoin de savoir pourquoi ils travaillent, et les raisons qui sous-tendent les procédures», constate Yannick Van Landeghem.
Depuis 2015, la cuma a donc mis en place un parcours de formation d’une semaine(1) (35 h) avec le CFPPA de Sainte-Livrade, pendant lequel elle rémunère les saisonniers. Alternant périodes de théorie, dans les locaux du CFPPA, et de pratique, sur les parcelles et les machines des adhérents de la cuma, les participants balaient les aspects de leur travail: ils resituent leur intervention dans la chaîne de production, visionnent les bonnes et les mauvaises pratiques au champ et sur les machines, abordent en pratique la sécurité au travail.
Certains, l’année dernière, ont aussi visité l’une des usines que fournit la cuma. «C’est une séquence nécessaire mais elle ne se substitue pas à la formation en interne, au quotidien, sur les chantiers, à travers les interactions entre l’équipe des salariés permanents et les saisonniers», insiste Yannick Van Landeghem.
(1) Avec le soutien du Fafsea.