Luzerne : de l’agronomie à la rentabilité

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Luzerne : de l’agronomie à la rentabilité

Jean-Philippe Cheyssou, à gauche, et Jean-Paul Dudignac devant les dernières bottes de luzerne en attente du camion qui les emmènera en Espagne.

Depuis cinq ans, la cuma La Verteillacoise s’est équipée d’un séchoir à luzerne pour permettre à ses adhérents d’augmenter leur surface et de commercialiser cette culture. Un projet qui a pour origine la gestion de l’enherbement des parcelles.

C’est d’une discussion agronomique entre Jean-Philippe Cheyssou, agriculteur à Bouteilles-Saint-Sébastien, et Jean-Paul Dudignac, son prestataire de travaux agricoles, également agriculteur à Bertric-Burée, qu’est née le concept de la cuma La Verteillacoise. « Il y avait deux enjeux. D’une part les prix des céréales n’étaient pas au rendez-vous et d’autre part Jean-Philippe avait des gros problèmes d’ambroisie dans son tournesol. La solution s’est imposée à nous. Il fallait faire de la luzerne », se souvient Jean-Paul Dudignac.

De l’autoconsommation à la vente

À l’époque, chacune de leur exploitation produit déjà de la luzerne, mais uniquement pour l’autoconsommation. L’idée est d’augmenter la production pour en vendre. En mars 2015, ils trouvent un séchoir à bottes d’occasion et le projet se concrétise. Avec neuf autres adhérents, ils créent une cuma pour monter le financement. Le président, Jean-Philippe Cheyssou, raconte : « Nous avons créé la cuma de La Verteillacoise en 2016. Puis nous avons obtenu le financement début 2017 et le montage de l’installation s’est terminé en mars. »

Il a également fallu ajouter un transformateur électrique sur site, car le séchoir nécessite beaucoup de puissance. « Finalement il a été opérationnel mi-avril 2017, soit deux ans après le lancement du projet », relève Jean-Paul Dudignac, qui lui a pris la fonction de trésorier de la cuma.

Séchoir Luzerne Dordogne

Avec la hausse du coût de l’énergie, le séchoir n’est utilisé qu’en cas de commande ferme.

Les avantages agronomiques de la Luzerne

L’un des objectifs en augmentant les surfaces de luzerne était donc de diminuer les problèmes d’enherbement des parcelles. Un pari réussi à entendre le retour d’expérience de Jean-Philippe Cheyssou. « J’ai coupé une parcelle pour ne mettre de la luzerne que sur la bordure qui était la plus enherbée, explique le président de la cuma. Aujourd’hui, il n’y a plus de luzerne sur la bordure mais la démarcation entre les deux zones est bien visible en termes de salissement. »

En termes d’implantation, c’est chacun sa technique. Si Jean-Philippe Cheyssou préfère le printemps, Jean-Paul Dudignac privilégie l’automne. « Je sème mes 12 ha de luzerne sous couvert d’orge », précise-t-il. Au-delà de l’enherbement, c’est aussi la captation de l’azote de l’air qui intéresse les deux agriculteurs. « Malheureusement aujourd’hui un blé de luzerne ne donne plus ce qu’il devrait car nos sols sont vides d’eau », regrette le trésorier de La Verteillacoise.

Regrouper la commercialisation

Pour optimiser la vente de la luzerne de chaque adhérent de la cuma, c’est Jean-Paul Dudignac qui centralise les demandes des clients. Une décision logique puisque la luzerne et le séchoir sont situés sur le site de son exploitation. « J’ai une annonce en permanence sur internet. Les acheteurs m’appellent et viennent voir chez moi la luzerne. Cette année, la récolte a été vendue très rapidement avec des gros acheteurs en Espagne et en Italie », constate-t-il.

Pourtant l’année dernière la situation était plus compliquée. « J’avais alerté les adhérents car nous avions peu vendu et le hangar de stockage était plein avant la nouvelle récolte », se souvient-il. D’autant plus que face au coût de l’énergie actuel, l’utilisation du séchoir est actuellement restreinte. « Nous ne séchons que la luzerne destinée à des commandes ou pour des besoins ponctuels quand nous ne pouvons pas faire autrement », détaille le Périgourdin.

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