Deux salariés, deux responsables et une adhérente de cuma partagent l’estrade de la table ronde le 7 décembre à Locqueltas, dans le Morbihan. « Leur point commun ? Nous avons jugé qu’ils sont jeunes », arguent les animateurs de l’échange proposé dans le cadre de l’assemblée départementale de la fédération des cuma. En tout cas, tous témoignent avec une énergie communicative. « Comment devient-on président ? », reprend Thomas Clivio. « Eh bien c’était il y a deux ans, quand on t’annonce qu’on va te proposer le poste, et surtout qu’il faut dire oui », s’amuse le dirigeant de la cuma la Vallée (Locqueltas), ajoutant : « Je suis très content de l’avoir fait ! Cela m’intéressait d’être impliqué dans les décisions. De ne pas être un client. »
Les arguments de la cuma portent
Sa cuma, « petite », recèle des atouts à côté desquels l’éleveur caprin ne voulait pas passer. Certes l’adhésion à la cuma est un plus vis-à-vis des aides à l’installation. « Mais ça c’est du bonus. Ce n’est pas la raison qui m’a poussé à y aller. » Thomas Clivio met plutôt en avant le côté relationnel d’un groupe, « où tout le monde se connaît ». Il évoque de la même manière son efficience. « Nous avons du bon matériel, pour faire du bon travail. » Motivation intacte, l’éleveur pose devant l’assemblée un bilan simple de ses deux années.
Sur le plan de la main-d’œuvre, la situation du groupe serait plus confortable grâce à la consolidation du second poste de salarié. « On évite la complication de devoir trouver à chaque fois des saisonniers », illustre le dirigeant qui analyse la réussite du groupe via une question essentielle : « Est-ce que le service à l’adhérent est rendu ? Oui. Ensuite on cherche à améliorer la qualité du service et la qualité de vie des salariés. »
Dans les attentes mûrit l’implication
À Ruffiac aussi, la cuma du Vieux bourg a connu un changement récent de président. Et de trésorier par la même occasion. En effet, Thibault Monneraye a pris la relève. « Parce que je ne suis pas tout seul à la porter », souligne-t-il. La nuance dévoile la délicate passe qu’a traversée la cuma intégrale d’une dizaine d’adhérents. « Il y a un an et demi, on se posait la question d’arrêter la cuma », résume le jeune président, lucide quant aux signaux qui l’ont désigné pour les responsabilités. « J’ai été cinq ans adhérent, sans prendre de responsabilité. » Un prisme idéal pour identifier des fonctionnements qu’il aurait préféré différents. « Comme je remettais en question, que je proposais des idées », l’incitation n’a pas tardé.
« Soit nous arrêtions, soit nous réinvestissions lourdement », précise-t-il. Car développer de nouveaux services était dans les pistes d’amélioration que l’adhérent identifiait comme nécessaires pour la pérennité de la coopérative. « Mais relancer des activités, c’est du travail. Il faut s’impliquer. Or aux commandes de la cuma, c’était une génération d’agriculteurs qui arrivaient à cinq ou dix ans de la retraite. Donc ce n’était pas eux qui allaient investir ce temps et cette énergie. »
De ce travail pour impulser une dynamique d’investissement, le responsable retient le porte-à-porte réalisé pour consolider les surfaces d’engagements. « J’y allais en axant mon discours sur les prix. En fin de compte, je constate que plus de gens qu’on ne le pense sont sensibles à l’aspect ‘esprit cuma’. Pour attirer des futurs adhérents, à mon avis, il ne faut pas hésiter à évoquer avec eux ces deux volets. »
La cuma, un atout de l’installation
En cela, le témoin répond aussi à une question initiale du temps d’échange : « Comment faire rentrer les jeunes en cuma, sachant qu’il faut également prendre en compte que beaucoup ne sont plus issus du milieu agricole ? » L’histoire de Manon Ruffy démontre que ce défi d’accueil est à la portée des groupes. « Nous nous sommes installés en gaec à cinq. Nous voulions aller vers le système cuma », indique-t-elle. Après une présentation des solutions possibles, les agriculteurs choisissent le service intégral mis en place à la cuma Arz 2000. Bien aidée aussi par le cédant (à lire dans le magazine Entraid de janvier), et par le fait que la cuma lui a fait confiance, la jeune agricultrice souligne l’importance de ce paramètre dans la réussite de son installation. « On ne nous l’avait pas dit, mais les salariés de la cuma ont 20 ans d’expérience. Ils connaissent le territoire, ils savent ce qu’il se passe et connaissent par cœur les machines. Particulièrement au début, c’est hyper important d’avoir cette expertise. »
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :