Le colza très sensible à l’implantation
« Dans 8 situations sur 10, les raisons qui expliquent la réussite ou l’échec d’une culture de colza sont en lien avec les choix qui tournent autour de l’implantation, explique-t-il. On cherche aujourd’hui à obtenir ce qu’on appelle un ‘colza robuste’, capable notamment de résister aux attaques d’insectes à l’automne. Il doit pour cela posséder 4 à 5 feuilles au 20-25 septembre, et être en croissance continue durant tout l’automne. » Le semis doit donc être précoce, à part dans les régions poussantes comme l’Ouest de la France. Mais en été, le facteur « eau » joue aussi : il en faut pour que le colza puisse lever.
Être prêt dès que la pluie s’annonce
« Pour mettre toutes les chances de son côté, l’agriculteur a intérêt à être prêt à semer dès que la pluie arrive, et donc de disposer de sa semence dès la fin juillet. Veiller aussi à ce que ses préparations de sol soient faites pour des semis autour du 10-15 août. Dans un sol à tendance argileuse ou sableuse, l’idéal est de semer avant l’arrivée d’une pluie, en espérant qu’elle sera suffisante. En limon, on peut en revanche intervenir après une pluie en quantité satisfaisante. » En matière de préparation de sol, la question se pose aujourd’hui du risque d’assécher le profil par des interventions trop profondes.
Priorité à l’enracinement
Faut-il alors ne rien faire ? « Non, répond Matthieu Loos, le travail du sol n’est pas un tabou. Le colza a besoin d’une bonne structure pour le développement de ses racines. Il faut donc anticiper et aborder plutôt la question à l’échelle de la rotation. Si par exemple la structure de sol s’est révélée bonne dans la culture précédente, et qu’elle n’a pas été dégradée à la récolte, un travail profond n’est pas utile. Il est donc nécessaire bien diagnostiquer en amont pour décider et s’adapter aux conditions climatiques. »
Le dilemme du travail du sol
Une intervention peut donc s’avérer nécessaire dans certains cas, mais dans un calendrier optimal. « Dans la majeure partie des cas, mieux vaut profiter de la fraîcheur résiduelle juste après la moisson plutôt que préparer le sol au dernier moment. »
Un autre facteur important contribue à préserver une certaine humidité pour la levée du colza : la gestion des repousses. « Elles le concurrencent avant même le semis en pompant de l’eau. Il faut donc les détruire tôt, soit chimiquement soit par un travail du sol superficiel. On peut s’autoriser un déchaumage sur quelques centimètres de profondeur, pour protéger l’humidité restant en dessous. » Dans le cas où il faudrait réaliser un travail d’ameublissement, on peut considérer que les repousses seront détruites au passage en fonction de leur dynamique de levée, sans intervention spécifique à prévoir.
Profondeur et densité à ajuster
Vient ensuite le semis en lui-même, et là aussi, pas de recette toute faite. « On doit placer la semence là où elle a le plus de chances de germer, en fonction de là où se situe la fraîcheur. Si le sol est frais à 4-5 centimètres et qu’on ne craint pas la battance, il faut semer à cette profondeur. S’il est sec et qu’une pluie suffisante est annoncée, on peut semer superficiellement. Le réglage et le contrôle de la profondeur de semis sont donc très importants. » Et Matthieu Loos ajoute aussitôt la question de la densité. « Dans un sol superficiel ou dans les situations de faible disponibilité en azote, un trop grand nombre de plants au mètre carré conduit à une faim d’azote à et des colzas sensibles aux attaques d’insectes. » Il cite un repère à viser : 1,5 kg de biomasse pour 25 à 35 pieds par mètre carré à l’entrée de l’hiver, soit 40 à 60 g par plante. Dernier point sur cette étape : il faut naturellement de la terre fine autour de la semence. Attention, donc, au semis direct avec des disques en présence de paille, et pas d’excès de vitesse en semis direct avec des dents.
Colza et plantes compagnes
Quand on parle de semis du colza arrive aujourd’hui la question des plantes compagnes. Elles présentent un intérêt agronomique, mais n’ont pas toutes les mêmes exigences côté mise en terre. « L’important est qu’elles ne viennent pas faire rater l’implantation du colza, résume Matthieu Loos, et s’intègrent bien dans la chaîne d’interventions. Si la semence de la plante compagne a la même densimétrie que le colza, un simple mélange dans la trémie peut suffire. Mais s’il s’agit par exemple de féverole, il faut un semoir à double trémie, ou alors épandre la semence au distributeur d’engrais avant la préparation de sol prévue pour le colza, elle se retrouvera enfouie par le travail du sol. »
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