De la betterave fourragère dans le sud Cantal, il fallait y penser. C’est l’idée de Mathis Caumel, jeune agriculteur de 23 ans, fraîchement installé en Gaec avec son père en élevage laitier sur les communes cantaliennes de Saint-Saury et de Parlan.
Une idée venue de l’Aveyron
L’idée lui est venue durant son alternance en BTS ACSE (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) au sein du Gaec Brast à Druelle-Balsac, dans l’Aveyron. « Ils avaient de la betterave fourragère à hauteur de trois ou quatre hectares. Pour s’équiper comme il se doit, ils sont passés par la cuma DEI (départementale Énergies innovations) de l’Aveyron. En effet, ce département croit en la betterave fourragère et s’est donné les moyens de ses ambitions. La cuma s’est ainsi équipée d’un ensemble effeuilleuse, arracheuse-chargeuse de marque Grimme ainsi que d’un semoir et d’une bineuse en service complet avec chauffeur.
Une trentaine d’hectares plantés la première année
Son BTS en poche, le jeune homme rejoint le Cantal avec une idée en tête : implanter de la betterave. « Pour faire venir les machines, il fallait un nombre d’hectares assez important afin de rentabiliser le déplacement », indique-t-il. Le bouche-à-oreille fonctionne et en 2022 pour la première campagne, une trentaine d’hectares sont plantés. « Le tout était de faire monter les machines pour faire les opérations de semis, puis de binage et enfin de récolte dans le même temps », poursuit-il. L’organisation est donc déjà bien rodée et les opérations nécessaires se font sur des temps restreints. « Notre cuma n’a pas de projet d’achat, souligne le jeune agriculteur. La cuma DEI est dotée d’un outil performant et propose un service complet avec son chauffeur qui maîtrise la technique du travail avec GPS et les différents matériels. »
Conduite de culture précise
Implantée en lieu et place du maïs en tête des rotations traditionnelles (maïs, céréale et prairie), la betterave est une culture exigeant de la technique et de la précision. « C’est plus difficile qu’un maïs à conduire, d’autant qu’il faut essayer de le semer plus tôt. Ce qui va nous poser le plus de soucis, c’est qu’il faut des terrains assez larges et surtout très plats, sans pierres ni cailloux. Pas toujours évident par ici », note Mathis Caumel.
Les terrains se doivent donc d’être hospitaliers pour cette culture, qui doit être surveillée de près. « C’est une culture qui se salit très vite, observe-t-il, nous devons donc passer en micro-dosage tous les dix jours environ. Le tout est de ne pas se faire déborder par les adventices car sur cette culture, cela va très vite. » Des opérations de traitement chirurgicales et une prudence accrue contre les altises dont il faut surveiller l’apparition de très près, surtout au stade 2/4 feuilles, et qui disparaissent généralement après un passage d’insecticide.
La betterave fourragère plus résistante à la sécheresse
Si la conduite de la betterave demande de la technicité, ses atouts sont légion. Une capacité à résister à la sécheresse d’abord, et au stress hydrique ensuite. « Cette plante a la capacité de se bloquer, se mettre en dormance lors de grands coups de chaud, pas comme un maïs qui va sécher sur pied », détaille Mathis Caumel. Le déficit hydrique affectera son développement mais comparé au maïs, la betterave démontre une réelle capacité de compensation et dès que les pluies reviennent, elle va poursuivre sa croissance et pousser jusqu’à la récolte en octobre.
« Elle sera aussi plus résistante à la grêle et qu’il fasse sec ou froid, à l’arrivée ce sont toujours les mêmes valeurs nutritionnelles », constate-t-il.
Des valeurs nutritionnelles reconnues
Les valeurs nutritionnelles, voilà l’atout principal de cette plante. « Je connaissais l’apport sur les vaches, mais j’ai été surpris des très bonnes analyses de mes laitières. Les avantages au niveau de la santé du troupeau sont nombreux, avec une baisse des cellules au début de la mise en place, une hausse des résultats en reproduction et une augmentation du taux moyen. Nous ne gagnons pas en volume, mais nous gagnons en qualité », relève-t-il.
Cette année, la collaboration entre plusieurs cuma du Cantal dont celle du Bourgnoux (Roumegoux) et la cuma départementale Énergie innovation de l’Aveyron continue avec 25 hectares de betteraves fourragères plantées dans le Cantal lors de la dernière campagne de semis.
Comment bien conserver la betterave fourragère ?
Pour une bonne conservation des betteraves fourragères, l’ADBFM (Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme) donne quelques conseils. Il faut tout d’abord éviter les carences en bore qui peuvent induire la maladie du cœur noir. Aussi maîtriser les adventices, ce qui permettra une récolte propre sans trop de matières fermentescibles. Une fois récoltée, la betterave dégage encore de l’eau et de la chaleur.
Le tas ou le silo ne doit pas dépasser 3 à 4 m de largeur pour 2 m de hauteur. Au moment de la fabrication du silo, les reprises pour remonter les betteraves en hauteur peuvent provoquer des blessures.
Avec des températures négatives, les betteraves peuvent geler avec des risques de pourriture accrus. En dessous de -5°C, une bâche peut être installée avec des ouvertures au sommet pour laisser le tas respirer. Lors de fortes gelées, une couche de paille de 30 à 40 cm peut être installée entre la bâche et les betteraves. Bâche et paille seront retirées dès la fin des gelées pour éviter les échauffements.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :