Pour qu’un groupement d’employeurs perdure, il faut que les adhérents cultivent un climat de confiance et de transparence et «surtout des fondations saines», estime Marc Chapolard, éleveur et président du Groupement des 4 Saisons. La structure, créée en avril 1999, emploie actuellement trois salariés dont deux équivalents temps plein, dont l’un est présent depuis l’origine. Il intervient chez des adhérents de deux cuma voisines, la cuma des Coteaux de Gélise et la cuma de Ténarèze, réunissant à elles deux une soixantaine de membres. «Les objectifs de départ étaient de répondre à la fois à un besoin de main-d’œuvre et de pouvoir embaucher une personne à l’année à temps plein. Notre volonté était de fidéliser un salarié.» Avec le recul, Marc Chapolard, en tant qu’employeur, n’y voit que des avantages.
Souplesse du système
Il met en avant la souplesse du système: un exploitant peut avoir un besoin de main-d’œuvre sur un mois ou trois semaines dans l’année. Le groupement facture l’adhérent à la prestation en fonction des heures enregistrées par le salarié. La fédération départementale des cuma prend en charge la paie et la gestion.
«Un des atouts, c’est que le salarié connaît chaque membre, chaque exploitation, le matériel. C’est un gain de temps considérable. On n’a pas à lui expliquer ce qu’il doit faire. Il connaît parfaitement le fonctionnement des machines. Pour que cela fonctionne, outre une bonne organisation, il faut aussi responsabiliser le salarié et ne pas lui confier uniquement des tâches ingrates. Autre point important, il ne doit pas se sentir isolé. L’accompagnement est essentiel.»
Moins de casse
Bénéficier d’un salarié permanent permet aussi un entretien du matériel plus régulier et d’assurer une veille plus pointue sur l’état des machines. «Sincèrement, je pense que la présence de Christophe nous évite d’avoir des pannes majeures. Cela réduit les coûts, car avec quelques adhérents qui ont de solides connaissances mécaniques, il réalise les réparations courantes. Il faut compter entre 50 et 60€/h en faisant appel à un prestataire, l’heure du salarié, elle, se situe autour de 20€.»
Cela peut avoir aussi une incidence non négligeable sur les valeurs de reprise, indique Marc Chapolard. Fermement convaincu de l’utilité d’un groupement d’employeurs, il estime que le fait que la cuma ait à disposition un salarié crée de nouvelles activités et favorise la venue de nouveaux adhérents, qui feront partie ou pas du groupement d’employeurs.
«J’ai développé une vraie polyvalence» Le point de vue de Christophe Lanau, salarié. «J’ai été embauché à la création du groupement, il y a un peu plus de 18 ans. A l’origine, j’avais un brevet professionnel de machinisme et j’avais travaillé une dizaine d’années dans une entreprise de mécanique agricole. Au départ, j’intervenais pour les travaux de moisson, l’ensilage et la vigne, qui représentaient une grosse part. C’était un domaine où je ne connaissais rien. Mon métier a considérablement évolué, notamment en raison des équipements électroniques des matériels. J’ai développé au fil des ans une vraie polyvalence. Même si les moissons et les conduites de matériels demeurent le plus gros du travail aujourd’hui, les tâches qui me sont confiées sont diversifiées, avec des responsabilités. Au fil des ans, il s’est noué une vraie relation de confiance entre les adhérents du groupement et moi. Je sais où je vais." |