L’herbe fraîche pointe le bout de ses feuilles. Bientôt les vêlages chez Etienne Legrand, éleveur laitier de la Manche qui groupe les mises bas de son troupeau laitier sur deux saisons. «Le pâturage est le fourrage le moins cher qu’on puisse trouver sur Terre. Je cherche à être précis dans sa conduite pour en tirer le meilleur parti. Je fais vêler deux tiers de mon troupeau sur trois mois au printemps.» Le dernier tiers attendra août ou septembre et sert de variable d’ajustement au cœur de l’été. Car ce lot de taries est envoyé au pâturage hors de la plateforme laitière lorsque la sécheresse sévit. A l’automne, il profite de la recrudescence des quantité et qualité de l’herbe pour démarrer sa lactation pendant que le lot printanier trouve la ressource pour prolonger la sienne.
30 vêlages sur un mois
Avec cette saisonnalité du troupeau déterminée en fonction de la pousse de l’herbe, il va sans dire que la conduite des prairies qu’il cultive sur plus de 80 ha, est un enjeu de premier plan pour le chef d’exploitation, labellisé AB depuis le début du nouveau millénaire.
Dans le téléphone d’Etienne Legrand, l’application Grassman a trouvé sa place. En contact régulier avec les équipes de l’institut de l’élevage(1) qui développent l’outil avec Jouffray-Drillaud et Mas seeds, «j’ai été volontaire pour tester l’application dès l’été dernier. Je suis toujours partant pour essayer les innovations et très friand de ce qui rend la culture de l’herbe moderne», sourit le Manchois.
Aide à la décision pour une culture performante
L’herbomètre, connecté à son smartphone doté d’une autre application dédiée à l’herbe, en est une autre preuve. Avec Grasshopper, l’éleveur suit la gestion du pâturage au quotidien. Il considère que la portée de Grassman est différente et complémentaire. «C’est un outil un peu général, grâce auquel on peut perfectionner la productivité de sa prairie, en quantité et en qualité.»
Avec les différents modules qui portent sur le choix de la flore, l’implantation, la fertilisation, la production de foin…, «je pense que c’est un excellent outil pour quelqu’un qui veut se lancer ou progresser dans la conduite d’un système herbager. C’est assez ludique et ça permet de trouver une réponse immédiate aux questions qu’on peut se poser par rapport à sa prairie», que ce soit au moment d’implanter, de fertiliser, de récolter, etc.
Mise en réseau
L’éleveur trouve également prometteuse l’idée de mettre en réseau les utilisateurs par groupes et pointe quelques pistes d’amélioration : la météo qui «mériterait d’être affinée» ou l’arrivée d’autres modules liés aux conseils de récolte. «Il y a un chapitre sur la qualité du foin», précise l’éleveur peu concerné puisque son système fourrager repose sur le pâturage, l’ensilage, l’enrubannage, puis le foin.
Avec son suivi repro très strict, son expérience de l’herbe que complète ou supplée l’armada des aides à la décision, des plus rudimentaires aux plus numériques, l’éleveur trouve un certain équilibre et sous les sabots de son troupeau, le fourrage économique qu’il recherche.
(1) La ferme fait partie du réseau Inosys.