Créée en 2001 autour de deux activités, la vendange et la pulvérisation, la cuma Tertre Saint-Vincent a mis en place une organisation collective pour la gestion des effluents phytosanitaires, d’abord par souci d’économie. «Notre coopérative compte une douzaine d’adhérents, représentant 145hectares de vignobles. Ils ont tous recours à la cuma pour les vendanges. Nous sommes quatre sur l’activité traitements, pour une surface de 75hectares», explique Thierry Burnerau, viticulteur et arboriculteur à Saint-Jean Blaignac, en charge de la coordination des chantiers de pulvérisation.
Une organisation originale a été instaurée. La coopérative fait désormais appel à un prestataire de services pour la conduite de la partie porteur. Les quatre adhérents établissent un programme en commun. «On ne va pas chez un adhérent après l’autre. On organise une rotation en fonction des proximités de parcelles afin de minimiser les déplacements, avec mise en commun des plannings.» La cadence est maintenue à un rythme de 12 à 14 jours en fonction de la pression maladie. Ce système induit un gain de temps et une réduction du prix des produits car, via la cuma, un groupement d’achats a été constitué.
Confiance et communication
Cette approche collective repose naturellement sur la confiance et la communication entre les adhérents. Pour Thierry Burnereau, les avantages sont nombreux: performance des matériels, bons résultats sur le plan technique et meilleur suivi des évolutions réglementaires. «Dès le départ, nous n’avons rencontré qu’un seul souci avec un adhérent. En 2007, sur des parcelles ayant subi des dégâts de gel au printemps et où l’adhérent a réalisé un apport d’engrais en vue de les renforcer, des problèmes phytosanitaires se sont développés. Il y a eu des pertes. Depuis, nous insistons sur la nécessité pour chacun de surveiller régulièrement ses parcelles en cours de campagne.»
Un coût de 500 €/ha
Sur la campagne 2015, le coût du chantier traitement comprenant le pulvérisateur, la main-d’œuvre, le tracteur, l’aire de lavage et le retraitement des phytos s’élève à 500euros par hectare pour huit à neuf applications, sans compter le coût des fournitures des produits phytosanitaires. «Les problématiques de l’excoriose et du botrytis sont gérées de manière individuelle», précise Thierry Burnereau. Quatre-vingts hectares de vigne sont ainsi traités. Malgré les avantages indéniables de cette organisation collective, la coopérative a souhaité gagner en souplesse. C’est pourquoi elle a investi l’année dernière dans un second matériel de traitement. «Dans notre secteur, les vignes sont très hétérogènes du fait de tailles différentes et des parcelles en coteaux. Certaines parcelles sont plantées à 2m, d’autres à 2,50m. Or, actuellement, le prestataire n’intervient plus que sur des parcelles de 3m ne nécessitant qu’un seul réglage car c’est là où il est le plus performant. Pour le deuxième matériel, nous faisons appel à un salarié saisonnier qui démarre en mai et termine autour du 20 août. Il travaille deux jours tous les quinze jours, soit quatre à cinq jours par mois. Grâce à une opportunité, nous avons pu acquérir ce matériel pour un montant de 5.000 euros.» La cuma privilégie les produits pénétrants et systémiques, moins sensibles au lessivage.
Les plus et moins de la pulvérisation commune
L’un des principaux inconvénients de cette pulvérisation commune réside dans le coût élevé du passage. En revanche, la qualité du travail est excellente. «Etre en cuma nous a permis de bénéficier d’aides plus importantes et d’opter pour des matériels plus performants. Lorsque nous avons constitué la cuma, nous possédions tous des pulvérisateurs à renouveler», indique Thierry Burnerau. Aujourd’hui, les adhérents étudient le remplacement de leur appareil de traitement par un Berthoud, probablement équipé de panneaux récupérateurs, acquisition qui pourrait intervenir cette année.
De surcroît, la cuma Tertre Saint-Vincent a créé une aire de lavage commune équipée d’un système de gestion des effluents phytosanitaires. Cette démarche a également permis de mettre en évidence la pertinence de cet investissement collectif d’un point de vue environnemental.
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