Comme nous l’expliquions dans le mensuel Entraid de novembre 2022, la législation sur le freinage des véhicules va changer au 1er janvier 2025. Le principe a fait l’objet d’une première annonce en 2018, mais en 5 ans, l’information semble avoir mal circulé. Rappelons-en les points clé.
En France, l’essentiel des tracteurs et des matériels remorqués possèdent un système de freinage simple ligne hydraulique. Depuis 2018, les tracteurs doivent offrir un système double ligne hydraulique, ou pneumatique, ou les deux. Il est aussi possible de commander un circuit simple ligne hydraulique en plus de la double ligne pneumatique, mais seulement jusqu’au 1er janvier 2025.
En face, à côté d’un grand nombre de matériels tractés avec simple ligne, il existe un petit pourcentage avec freinage double ligne, surtout de type pneumatique. En effet, la technologie double ligne hydraulique permet difficilement de répondre aux contraintes techniques pour une homologation en 40 km/h.
Mais, à partir de 2025, les tracteurs neufs ne pourront plus recevoir un freinage simple ligne, ce sera uniquement un type double, soit pneumatique, soit hydraulique, soit les deux conjointement. Quant aux matériels tractés, ils auront forcément un freinage double ligne, soit pneumatique, soit hydraulique.
Des équipements incompatibles en matière de freinage
Premier écueil : pneumatique et hydraulique ne sont pas compatibles. Deuxième écueil : un tracteur avec simple ligne hydraulique (donc un ancien) ne peut pas freiner un véhicule de nouvelle génération avec circuit double ligne hydraulique. Seul l’inverse fonctionne, en hydraulique : un tracteur avec frein double ligne peut freiner un véhicule ancien avec uniquement une simple ligne. Et qui dit montage incompatible, dit circulation impossible, ou en prenant de gros risques (accident et amende) puisque le ralentissement du convoi ne repose plus que sur le tracteur.
Les risques de se retrouver avec un couple tracteur-véhicule mal freiné seront multipliés, avec les échanges liés à l’entraide et à l’organisation de chantiers en cuma. Dans ces conditions, pour minimiser les inconvénients de cette transition où vont cohabiter deux générations de matériels, le service AgroEcoTech de la Fncuma a établi des préconisations. Avertissement : aucune de ces solutions n’est parfaite, mais ce sont celles qui présentent le moins d’inconvénients.
Il est préférable d’anticiper au maximum pour effectuer la transition en douceur.
Premier cas : la cuma possède ses tracteurs
Pour l’achat ldes tracteurs de moyenne et forte puissance envisagé par la cuma, avant 2025 : privilégier le freinage pneumatique permettrait d’avoir un tracteur fonctionnel pour plusieurs années, pouvant freiner les outils tractés de grand gabarit achetés en technologie pneumatique (tonne à lisier de 16 m3 et plus, remorques agricoles à deux essieux et plus…).
Pour ces mêmes tracteurs, il serait judicieux de compléter la double ligne pneumatique par une simple ligne hydraulique, ce qui est encore possible jusqu’au 1er janvier 2025, pour freiner tous les outils tractés déjà en parc, équipés souvent de frein simple ligne hydraulique.
Le freinage pneumatique va se développer mais il n’aura pas le monopole.
Le pneumatique pour les gros outils
Pour l’achat par la cuma de grands outils remorqués, opter pour le freinage pneumatique permet d’anticiper le choix technologique qui se dessine d’ores et déjà pour ce type d’outils, guidé par les tractoristes. Enfin, pour l’achat des outils remorqués de faible gabarit, la simple ligne hydraulique est à privilégier tant que cela est possible (achat avant le 1er janvier 2025). Ces outils ont très souvent une réception européenne de type S ou une réception nationale française du genre MIAR. C’est par exemple le cas de la plupart des déchaumeurs traînés.
Double équipement sur les tracteurs
Pour les investissements prévus à partir de 2025 : continuer de privilégier le freinage pneumatique sur les tracteurs de moyenne et forte puissance. Le compléter avec la double ligne hydraulique peut être judicieux pour disposer un tracteur polyvalent. En effet, il pourra freiner tous les outils remorqués en simple ligne hydraulique déjà en parc (donc achetés déjà avant le 1er janvier 2025).
Si toutefois l’ensemble du parc de tracteurs de la cuma est uniquement en freinage pneumatique, il est toujours possible d’acheter un tracteur d’occasion équipé d’une simple ligne hydraulique, même après le 1er janvier 2025. Il pourra freiner les outils équipés d’une simple ligne hydraulique déjà en parc et évitera de rester démuni avec un matériel tracté sans double ligne.
Second cas : les adhérents utilisent leur propre tracteur
Ainsi, pour les achats en matériel tractés prévus par la cuma avant le 1er janvier 2025, privilégier le freinage pneumatique pour les grands outils remorqués, si les tracteurs des adhérents sont déjà équipés en pneumatique. D’autre part, il convient d’inciter les adhérents à conserver la simple ligne hydraulique lorsqu’ils changent leurs propres tracteurs. Cela pour éviter d’avoir des incompatibilités avec les outils de la cuma en simple ligne hydraulique.
En effet, il est plus simple et judicieux d’avoir des freinages mixtes, donc polyvalents, sur les tracteurs que sur les outils remorqués. Autre recommandation, inciter les adhérents à prévoir un freinage double ligne pneumatique pour leurs propres investissements en outils remorqués de grand gabarit. Il assurera une transition simultanée entre le parc cuma et le leur. Enfin, il est nécessaire de rappeler aux adhérents qu’il est toujours possible de rééquiper leur propre tracteur déjà en parc d’un freinage pneumatique. Des kits sont proposés, aux alentours de 3 000 à 4 000 €.
Petits outils en cuma
Lors des achats de petits outils remorqués en cuma, privilégier le pneumatique quand cela est possible, si les tracteurs des adhérents sont équipés. Sinon, opter pour une simple ligne hydraulique, ou encore en dernier recours un système mixte combinant ces deux solutions.
À partir de 2025
Pour les investissements en matériels tractés prévus par la cuma après le 1er janvier 2025, et au vu des tendances actuelles, continuer de privilégier le freinage pneumatique aussi bien pour les grands que pour les petits semble la bonne décision à prendre. Elle contribuera à converger vers une technologie harmonisée à moyen terme.
Si ce choix n’est pas privilégié par la cuma, il reste toujours la possibilité d’avoir des outils de type double ligne hydraulique, à condition que les adhérents prévoient un freinage mixte sur leur tracteur. C’est dans cette optique qu’il faut inciter les adhérents à garder la double ligne hydraulique en plus de la double ligne pneumatique lorsqu’ils changent leur tracteur.
Le cas des tracteurs spécialisé viti et arbo
Dans le cas des tracteurs spécialisés viti et arbo, privilégier la double ligne hydraulique jusqu’en 2025. C’est ailleurs quasiment le seul choix disponible sur ce type de tracteur car les kits pneumatiques s’avèrent trop encombrants. Ce. sera aussi le choix à faire pour les investissements prévus à partir de 2025. Dans ce créneau, le choix de la technologie hydraulique est motivé d’une part par les tractoristes mais aussi par les fabricants d’outils remorqués. Pour rappel, la majorité des outils attelés aux tracteurs étroits ont une masse techniquement admissible à l’essieu inférieure à 3,5 t, ce qui les exempte de freinage.
En résumé
En résumé, le service AgroEcoTech de la Fncuma conseille pour les prochains achats de matériels tractés de choisir dès maintenant un freinage double ligne pneumatique, éventuellement en complément de la simple ligne hydraulique. Et à chaque renouvellement de tracteur, de poursuivre la transition vers la double ligne pneumatique. Mais cela, en conservant l’option simple ligne hydraulique jusqu’en 2025, puis en optant pour une double ligne hydraulique complémentaire. Ce sera en effet le seul moyen de pouvoir gérer le parc d’outils tractés existant.
D’autre part, lors de l’achat d’un matériel tracté, éviter autant que possible la double ligne hydraulique car elle ne pourra être utilisée que par des tracteurs disposant de cette option moins commune. Et même si la cuma dispose d’un tel engin, le problème se posera de nouveau lors de la revente du matériel tracté.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.
