Depuis près d’un an, la frcuma Bourgogne-Franche-Comté s’est dotée d’un nouveau service dédié à l’innovation. Le concept peut paraître un peu flou et pourtant il est le reflet de l’action de terrain de nombreux agriculteurs. À l’image de ces trois cuma qui misent sur le collectif pour aller de l’avant. Exemples d’innovation en cuma.
Innovation en cuma : les fourrages à l’étude
La cuma des Jonquilles, dans la Nièvre, en est un exemple. Pour se projeter dans l’innovation, ce groupe de dix polyculteurs-éleveurs a été labellisée GIEE (groupement d’intérêt écologique et économique) en 2022.
Le but ? Bénéficier d’un accompagnement sur la durée de leur projet lié à l’affouragement et le séchage des fourrages en grange ainsi que la commercialisation de viande bio. C’est aussi un moyen d’obtenir des financements et subventions tout en profitant d’un cadre bien défini afin d’aboutir aux objectifs fixés.
Sursemis : le matériel mais pas que
La cuma de Thervay, dans le Nord du Jura, elle, se lance doucement sur les sujets innovants. Labélisée depuis mai 2022 GIEE « Emergence », elle a devant elle la possibilité d’étudier son sujet de prédilection : le sursemis.
S’il est labellisé GIEE, le groupe de 28 adhérents aura trois ans pour réfléchir, produire des données, acquérir des compétences sur ce thème. En attendant, le groupe démarre son aventure par des visites sur les fermes des adhérents. Le but est de créer du lien, de constater les différents essais et de pointer les lacunes à combler.
Epandage de lisier en question
Un groupe de cumistes du Doubs, aux alentours de Vercel, s’est réuni il y a six mois avec la volonté de résoudre la problématique de l’épandage de lisier. Avec quel matériel peut-on épandre en limitant les pertes ? Peut-on réduire l’impact sur l’environnement ? Comment améliorer la gestion de des prairies ? De quelle manière peut-on communiquer sur les pratiques ?
Pour tenter d’y répondre, le groupe se labellise GIEE « Emergence ». Après plusieurs visites dans des fermes, des pistes de réflexion émergent. Une première formation se dessine autour de la compréhension du fonctionnement sol. Le groupe se dirige vers la labellisation GIEE en 2023 pour passer à l’action pendant au moins trois ans.
Accompagner les projets
Devant tant d’idées, la labellisation GIEE permet à un groupe de se tester, d’accéder à des connaissances techniques et des retours d’expérience mais aussi à être accompagné. Le but est de réduire les risques pris par les adhérents.
La cuma, par les valeurs de partage de matériel et de connaissances, est un lieu d’émergence de ce type de projets adapté. Que ce soit pour la production d’énergie, de structuration de filière ou de projet d’envergure, la Cuma est un lieu idéal pour innover.
La frcuma Bourgogne-Franche-Comté s’est donc dotée d’un service innovations afin d’accompagner les groupes en soif de connaissances techniques et économiques, de tests et d’essais. Ce service permet de repérer les projets innovants et d’accompagner les groupes qui les portent.
L’animatrice est donc là pour formaliser le projet, fixer les objectifs, déterminer un plan d’action et proposer les ressources nécessaires au projet sans oublier l’aide aux financements. Ce service permettra à terme de créer une véritable communauté de porteurs de projets innovants au sein du réseau cuma. Cela vient compléter les savoir-faire déjà existants dans le réseau comme le machinisme ou encore l’accompagnement technique et juridique.
Les cuma, lieu idéal pour innover
Le rôle d’innovation prêté aux agriculteurs est un véritable défi qui doit répondre à certaines conditions. Les solutions trouvées doivent durer dans le temps et répondre aux contraintes locales.
Celles-ci concernent la production annuelle, l’adaptation aux systèmes d’exploitations (mécanisation, taille, main d’œuvre, organisation du travail…) et l’accessibilité (connaissances nécessaires, coût, résultats visibles).
Ces solutions doivent également s’insérer dans le système économique de l’exploitation. Tout en créant ou en s’insérant dans les filières de transformation ou de vente.
Il est reconnu que les collectifs d’agriculteurs sont de véritables catalyseurs. Or en agriculture, le collectif est utilisé pour accéder à davantage d’autonomie. C’est aussi un lieu pour échanger et tester avec ses pairs et pour produire des références locales.
Deux types de collectifs se dessinent. Le groupe de proximité, c’est-à-dire les relations de voisinage qui permettent d’échanger des ressources matérielles et immatérielles. Et les groupes de partage, créés intentionnellement pour échanger et expérimenter. Certains sociologues s’accordent à dire que l’innovation est davantage durable lorsque les deux formes de collectifs sont combinées. Les cuma de Bourgogne-Franche-Comté sont à l’essai.
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