3 000 h/an de tracteur
Pour cet essai, nous avons donc confié les clefs d’un Fastrac 4220, modèle le plus vendu en France, à Thomas Girardot, éleveur installé en gaec avec son épouse à Saint Urbain en Haute-Marne. Une exploitation de 310 ha avec un quota de 1,5 million de litres de lait et qui emploie un salarié. Cet éleveur connaît bien les tracteurs JCB puisqu’il en possède actuellement deux : un Fastrac 4220 Stage IV de 2019 (3500 h) et un Fastrac 4220 Stage V de 2021 (1000 h).
Il explique, « le Fastrac est un tracteur particulier associé à beaucoup d’apriori. Je suis passé au Fastrac suite à un premier essai, car je ne connaissais pas le produit. Je suis tombé sous le charme à cause du confort. C’était ce que je recherchais, car avant l’arrivée du salarié, je faisais 3 000 heures de tracteur par an. »
Ainsi, l’objectif de cet essai est double : d’une part constater les améliorations apportées par cette nouvelle génération, et d’autre part, évaluer les performances du Fastrac au champ. Au programme : deux chantiers. Premièrement, 40 ha de préparation de sol avec une herse rotative de 6 m. Deuxièmement, 30 ha de semis de luzerne destinée à l’alimentation du troupeau de l’exploitation.
Bonne visibilité pour atteler
Tout d’abord, au moment d’atteler l’outil, on constate que l’implantation centrale de la cabine permet de dégager la visibilité sur le relevage arrière. « Vers l’arrière on n’a pas du tout le même angle que dans un tracteur conventionnel. On ne se casse pas la nuque vers le bas lors des phases d’attelage, parce qu’on regarde plus loin. On a aussi plus de dégagement entre la roue arrière et l’outil attelé, ce qui fait aussi un point fort quand on attèle. »
En revanche, pas de miracle concernant la visibilité sur le relevage avant. Comme sur les autres tracteurs de ce segment de puissance, la taille du moteur et de son capot empêche de voir quoi que ce soit. JCB solutionne ce problème avec une caméra frontale dont les images sont directement retransmises sur la console de l’accoudoir.
Une fois l’outil attelé, l’architecture particulière du Fastrac révèle un autre point fort : l’équilibre de l’ensemble tracteur – outil porté. « Avec la cabine centrale et les 4 roues égales, on pourrait penser que l’on est moins bien équilibré avec l’outil que sur un tracteur conventionnel. Mais justement non. Le JCB Fastrac est un tracteur très équilibré. Pas besoin de masses sur le relevage avant pour soulever un outil très lourd à l’arrière. » Précisons simplement que durant cet essai, le tracteur était équipé d’une masse de 900 kg en position centrale arrière. L’équilibre est une qualité qui se confirme au champ. En effet, sur les deux chantiers, l’architecture à 4 roues égales associée à des pneumatiques Trelleborg TM1000 VF600/70 R30, a délivré une bonne adhérence.
Un salon anglais
Ensuite, les premiers tours de roue dans la parcelle confirment la qualité première des générations précédentes : le confort à l’intérieur de la cabine est de haute volée. Le châssis à suspension intégrale associé à une cabine spacieuse (homologuée deux places) et bien insonorisée procure un réel sentiment de confort. JCB a mis les petits plats dans les grands pour accueillir le chauffeur, avec un siège pivotant sur 45° à droite et pouvant être chauffant et ventilé, un écran de 12 pouces que l’on peut positionner à 90° pour dégager de la visibilité et de l’espace, ainsi que de nombreux rangements.
« Il s’agissait de ma principale attente envers ce tracteur, et la génération Icon confirme ce que j’observe sur les deux miens, le confort est vraiment le gros point fort du Fastrac. »
Quid de l’ergonomie de cette nouvelle interface de conduite ? « C’est une prise en main un peu plus technique que le stage V que j’ai pu avoir avant, notamment au niveau de l’ordinateur » concède Thomas Girardot. « Malgré tout cela reste simple. C’est très intuitif grâce aux symboles et aux couleurs. Il y a peu de profondeur de page pour accéder aux réglages. On a tout directement en page d’accueil sur l’ordinateur de bord. Donc n’importe quel réglage se fait rapidement sans avoir à parcourir X pages. Instinctif. »
Autre élément qui ressort : la puissance de 235 ch est bien là, ainsi que la manœuvrabilité en bout de champ grâce aux 4 roues directrices. Toutefois, Thomas Girardot apporte un léger bémol sur le dynamisme du Fastrac 4220 Icon. « Cette génération n’a plus le mode de conduite séquentielle de la transmission à variation continue de mon Fastrac Stage V de 2021. Je préfère l’ancien réglage en séquentiel, qui permet une meilleure retenue avec plus de frein moteur dans les conditions difficiles. De même, il offre plus de nervosité et de réactivité. L’Icon est plutôt dans la souplesse. C’est une question de goût. »
Thomas Girardot a également pris en main facilement les fonctions GPS de la génération Icon.
Un tracteur de connaisseur
« Au final, c’est un tracteur complet qui répond à mes attentes en termes de confort et de maniabilité. Malgré un ordinateur de bord un peu plus complexe que le panneau de commandes de mes générations précédentes, le nouveau modèle reste très intuitif et se prend rapidement en main. Il pourrait très bien trouver une place sur mon exploitation en renouvellement d’un de mes Fastrac. »
« Pour conclure, c’est un tracteur de connaisseur. Il faut aller au-delà des préjugés liés à ce tracteur. S’il peut convenir à tout le monde, il faut cependant faire attention à ne pas le mettre trop vite entre toutes les mains : la conduite est un peu différente de celle d’un tracteur conventionnel, mais on s’y habitue très vite. Ce pourrait être un très bon tracteur de cuma, à condition d’opter pour une organisation avec un chauffeur qui, l’ayant bien en main, pourrait l’exploiter pleinement tout le temps. »
Passage au banc du JCB Fastrac 4220 Icon
Le Fastrac 4220 Icon partage son bloc moteur avec d’autres modèles du groupe AGCO, mais dispose de réglages spécifiques. En outre, JCB a fait le choix d’une puissance maximale disponible à un régime moteur plus bas : dès 1700 tr/min, contre habituellement 1900-2000 tr/min sur certains tracteurs Massey Ferguson par exemple.
Un choix intéressant au premier abord, mais qui demande un peu de rigueur à l’usage. En effet, on constate sur la courbe que la consommation spécifique augmente assez fortement dès 1900 tr/min. Il faudra donc veillez à rester sous les 1800 tr/min pour optimiser la consommation. D’autant plus que la puissance diminue dès 1800 tr/min. Il faudra donc jouer avec le paramétrage de l’ensemble moteur-transmission pour ne pas sortir de la plage 1700-1800 tr/min. A bas et mi régime, les consommations spécifiques sont très bonnes : 225 à 230 gr/kWh.
Si on s’intéresse à la réserve de couple, qui augmente très fortement une fois arrivé haut dans les tours, on constate que le Fastrac 4220 est bien adapté pour encaisser des variations d’efforts au travaux lourds à la prise de force 1000 tr/min. Attention la consommation spécifique à ce régime de PDF de 1000 tr/min est assez élevée : 265 gr/kWh. Il vaut mieux privilégier le régime 1000 Eco dès que c’est possible.