Maïs épi, un fourrage à récolter en cuma

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Maïs épi, un fourrage à récolter en cuma

Vincent, le salarié, avec le bureau de la cuma de St Hilaire, devant l’ensileuse équipée du cueilleur.

La cuma l’Union Hilairienne, spécialisée dans la récolte des fourrages, a développé la récolte de maïs épi. Retour sur le projet et sa mise en place.

Répondre à la demande des adhérents reste un point clé dans nos cuma ! Vincent Massé, responsable d’atelier et chauffeur de la cuma de St Hilaire-des-Landes, l’a bien compris et travaille de pair avec les responsables pour avancer sur de nouveaux projets. Comme en 2014 lorsqu’un adhérent annonce qu’il souhaite tester la récolte du maïs en épi pour complémenter sa ration des vaches laitières. La cuma répond favorablement.

Un projet expérimental

Après quelques recherches, les salariés de la cuma installent sur une ensileuse John Deere 6750 le cueilleur à maïs 5 rangs de la cuma voisine pour un court essai. Premier résultat : « On a essayé, à côté de la cuma, chez l’adhérent lanceur du projet sur quelques rangs. La machine marchait très bien mais le produit réalisé était trop chargé en feuille. De là, on s’est renseigné pour l’achat d’un fond à section afin d’affiner la récolte », précise Vincent. Après ces modifi cations, la cuma a pu effectuer 11 ha chez les adhérents locaux. Le résultat obtenu a été à la hauteur des attentes des éleveurs.

Un démarrage difficile…

Dans un objectif de mise en place d’un service performant, il a fallu investir dans un kit maïs épi. La plus grosse ensileuse du parc, une
John Deere 7480 a été équipée avec le cueilleur 8 rangs Fantini utilisé à ce moment, uniquement au battage. Pas loin d’une journée de travail a suffi aux deux salariés pour monter l’équipement. Une campagne de communication a permis à la cuma d’obtenir des engagements à hauteur de 90 ha de récolte sur l’ensemble du secteur (nord Ille-et-Vilaine).

« Les cuma voisines souhaitaient travailler avec nous, 2015 était une année propice au stock fourrager, le maïs épi avait entièrement sa place. On a dû être performant pour répondre à la demande », raconte Didier Lemarié, le trésorier de la cuma. La saison démarre avec 30 ha de récolte et quelques soucis. Beaucoup de retours à l’atelier pour remonter boîtiers, transmission… « On apportait un mauvais service, du temps perdu à l’atelier », se souvient Vincent. « Le cueilleur ne faisait pas l’affaire. En cours de saison, on a dû faire le choix d’investir ou de laisser tomber… On avait peu de surface pour amortir un bec neuf. Un choix très difficile, c’était un gros risque à prendre », ajoutent les responsables de la cuma. A Saint Hilaire, on aime certainement le risque… Un bec reconditionné Fantini Bouchard 9 rangs est arrivé dans la cour de la cuma, après de longues soirées à étudier les offres.

…mais des résultats prometteurs

Après réflexion, les responsables de la cuma ne regrettent pas leur choix. L’activité augmente en 2016 qui pourtant, reste une année moyenne en fourrage. En parallèle, l’investissement dans le bec permet aussi d’assurer un service moisson de maïs et les activités ont augmenté suite à l’investissement. Au bout de trois années, la cuma l’Union Hilairienne possède de l’expérience sur la récolte en maïs épi. Les surfaces augmentent et le rayon d’activité aussi.

A l’avenir, une réflexion sera menée afin d’assurer l’ensilage maïs épi au sein des cuma voisines et l’ensilage plante entière au sein de la cuma pour éviter le montage et démontage au cours de la saison. Parfois difficile pour les chauffeurs et les responsables de cuma, ce projet doit être préparé. L’assemblage peut parfois provoquer des surprises entre les marques de cueilleurs et les marques d’ensileuses, il est primordial de se renseigner avant de se lancer et surtout débuter l’activité avec un ensemble fiable. En Ille-et-Vilaine, le maïs épi se développe très vite. Les cuma du département doivent être attentives à cette évolution.


L’avis de Marcel Dubois, éleveur laitier

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Le maïs épi ensilé plaît aux éleveurs. Témoignage de Marcel Dubois, éleveur de vaches laitières à Mellé (Ille-et-Vilaine).

Pourquoi se lancer dans l’ensilage de maïs épi ?

Je recherche plus d’autonomie alimentaire sur mon exploitation. Le produit maïs épi ensilé est intéressant. Bien entendu, cela doit se raisonner dans une production fourragère globale de l’exploitation.

Quelles conditions faut-il réunir pour réussir l’intégration du maïs épi sur son élevage?

Tout d’abord, il faut absolument avoir une part plus ou moins importante d’herbe ou de mélange protéagineux dans la ration des animaux. Cela favorise son équilibre notamment en énergie, avec le maïs épi et améliore la quantité de cellulose, grâce à la rafle du maïs.

Du coup, ce type de récolte doit s’adapter à l’exploitation et à l’année ?

Oui, j’adapte les surfaces de récolte en maïs épi surtout en fonction de l’année, en fonction de la campagne fourragère (quantité de stock). Le maïs épi est une variable intéressante. Par exemple, en présence d’un stock d’herbe important, il se justifie pleinement. A l’opposé, lors d’une campagne fourragère médiocre, avec peu d’herbe stockée, je favorise l’ensilage de maïs plante entière.

Sur ton exploitation, comment se passe la récolte ?

Je suis adhérent de la cuma l’Entraide de Mellé. Au sein de la cuma, on est quelques adhérents souhaitant travailler avec ce type de récolte. Du coup, la cuma fait appel à la cuma de St Hilaire pour une trentaine d’hectares. La cuma est équipé d’une ensileuse avec un cueilleur 9 rangs pour cueillir l’épi et la rafle. Sur l’exploitation, la récolte se fait en général après le maïs ensilage avec des taux d’humidité inférieur à 40% du grain. Les chantiers nécessitent moins d’équipements que lors d’un chantier en ensilage plante entière. Au transport notamment, on divise le nombre de remorques par 2, voire 3, selon le rendement et la distance champs-silo : très
intéressant pour les chantiers éloignés du siège.

Et concernant le stockage, tu apportes des modifications au silo ?

Sur mon exploitation, je stocke en taupinière sur une plate-forme bétonnée. Cela me permet de confectionner le tas (largeur et hauteur) en fonction de l’avancement de la désileuse, l’automotrice de la cuma.

Et d’un point de vue technique ? Comment gères-tu la culture et la ration ?

D’un point de vue agronomique, le suivi de la culture est identique à celui de l’ensilage traditionnel. En revanche, je favorise les variétés grain pour la récolte de maïs épi. D’un point de vue nutrition, l’objectif est d’avoir une ration hivernale à 50% herbe (ensilage et/ou méteil) et 50% maïs (plante entière et épi). Au printemps, lors de la pousse de l’herbe, la ration est basée sur le pâturage et complémentée de maïs épi. On retrouve un intérêt au niveau de la santé globale de l’animal car on favorise les fibres dans la ration avec les fourrages de types herbe et méteil. Je retrouve de l’autonomie sur l’exploitation avec une baisse des achats de concentrés et, aujourd’hui, grâce à la désileuse, j’ai une ration complète avec plusieurs produits et une qualité de mélange, sans augmenter la charge de travail.


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L’avis de Michel Lepertel : évoluer pour ne plus subir !

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Michel Lepertel, gérant de la Sarl NPRL et nutritionniste.

Un prix de lait qui n’évolue pas à la hausse, des coûts de mécanisation qui continuent de flamber. Voici le constat général de l’agriculture en 2016. A nous d’évoluer pour ne pas disparaître. Cette évolution passe notamment par les coûts alimentaires. La valorisation du maïs évolue. Les surfaces de maïs ensilage tendent à diminuer car celui-ci pèse sur les charges des exploitations, tant par le besoin de mécanisation que du fait de l’achat d’intrants, notamment le soja.

Revenons à la technique et cherchons de l’autonomie sur les exploitations. Les sources de protéines doivent provenir de la ferme sous diverses formes : les méteils, les prairies multi-espèces… Le maïs épi (partie noble du maïs) reste une excellente source d’énergie, permet l’équilibre énergétique des rations et permet de supprimer l’utilisation des matières grasses végétales de mauvaise qualité, telles que l’huile de palme. On cherche l’harmonie entre les sources d’énergie et de protéines pour retrouver des vaches en bonne santé, un bon transit, et une qualité de lait et de viande. Le maïs sous forme d’épi est peu fermentescible, contrairement à la betterave, ou encore aux céréales, et contient des protéines lentes. On diminue le risque d’alcalose sur le troupeau, donc le risque de boiteries et de problèmes de fécondité.

La réflexion ne s’arrête pas au mode de récolte du maïs, mais bien au système fourrager global de l’exploitation. Un système fourrager basé sur un ensemble de prairies multi-espèces / méteil fourrager / méteil grains / dérobées / maïs épi est un moyen de s’intégrer dans une dynamique de respect de la nature et de l’environnement (agriculture propre et durable). Il favorise la qualité et la structure du sol. Le tout en atteignant des objectifs de production et avec une baisse significative des intrants. Cette méthode s’inscrit dans la rentabilité et la pérennité de nos élevages. Le soja est une impasse financière pour les exploitations françaises, donnons-nous les moyens de changer de système pour nous adapter au marché mondial, car lui ne s’adaptera pas à l’agriculture française.


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