Des expérimentations dessinent les champs de maïs du futur

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Des expérimentations dessinent les champs de maïs du futur

Jouer sur l’architecture du peuplement peut être un levier de l’amélioration du rendement.

Le maïs français est une culture intensive qui en a encore sous le pied. Des évolutions de pratiques largement accessibles pour certaines, ou très complexes à maîtriser pour d’autres, pourraient dessiner différemment les champs de la culture de demain.

Le maïs, roi unique dans sa parcelle, a encore de beaux jours devant lui. Voilà des décennies que des équipes scientifiques cherchent à lui associer de parfaites compagnes (légumineuses, notamment). Mais les expérimentations dans les champs de maïs n’ont pas encore connu le succès escompté, à grande échelle et répétées dans le temps. La plantule de maïs est trop fragile dans sa phase d’installation. Elle a besoin d’espace. Puis, une fois implantée, grâce à sa taille et sa vigueur, elle a tendance à prendre le dessus sur sa congénère. Dans ces conditions, la régulation des équilibres de croissance n’est en effet jamais parfaitement contrôlable. Exit, donc, les triples associations maïs, haricot, courge qui ravissent certains bons jardiniers et maraîchers, ou même la solution du couvert permanent, encore assez délicat à concilier avec cette culture exigeante.

Des céréales dans les champs de maïs pour le taupin

Quels qu’en soient les objectifs, les cohabitations du maïs avec d’autres essences cultivées en système de grandes cultures restent donc majoritairement du domaine de l’essai. Voire de l’expérimentation ou de la tentative. Elles ne sont pas pour autant inintéressantes. Dans l’Ouest, notamment, des plateformes dévoilaient quelques résultats remarquables vis-à-vis des bioagresseurs de la culture. L’idée consiste à accompagner le maïs d’autres céréales censées appâter, entre autres, le taupin.

Éclipser ainsi les graines du maïs avec un tel peuplement qui sera détruit une fois le stade de sensibilité passé, est un levier qui a fonctionné. Mais la technique complexifie la culture et pose des questions, ne serait-ce que d’équipement. Dans le cas où l’appât n’est localisé que dans l’inter-rang en vue de l’éliminer grâce à un binage, « on voit, par exemple, que l’adaptation des semoirs n’est pas si simple, illustre Séverine Bourrin, chargée d’étude à la frcuma Ouest impliquée dans ce travail en Bretagne. Une autre possibilité est de disposer cette flore appât en plein dans la parcelle. Mais seule l’action chimique sera possible pour sa destruction dans ce cas ».

Une culture parmi d’autres

Seul dans son champ, le maïs ne sera, en revanche, pas seul dans son système. C’est là une donnée qui devrait plus certainement faire évoluer l’apparence des parcelles, avec un écartement des rangs d’une culture à l’autre qui pourrait tendre vers l’uniformisation. Dans la mesure où les becs d’ensileuses se montrent désormais indifférents à l’écartement des rangs, les zones de productions fourragères observent déjà quelques cas de polyculteurs qui rationalisent ainsi leur besoin en équipement. Colza, betterave, maïs, tous ont le même inter-rang et l’agriculteur n’emploie plus qu’un seul semoir. Mieux, la logique se décline en cascade puisque s’il envisage (ou réalise) un investissement, par exemple, pour innover en matière de désherbage, avec une bineuse ou une solution mixte chimique et mécanique, ce sera également un atout de pouvoir le valoriser sur un maximum de sa surface.

La répartition plus homogène des pieds dans la parcelle actionne en outre des leviers techniques et physiologiques appréciables. La couverture plus rapide du sol simplifie la gestion des adventices. Elle serait donc d’autant plus profitable dans une optique de réduction des usages d’herbicides. Le peuplement maîtrisé bonifiera aussi l’indice de surface foliaire (LAI, pour Leaf Area Index), un paramètre directement lié au rendement.

Améliorer la régularité des rangs dans les champs de maïs

Les dispositifs de semoirs avec contrôles de pression (type Precision Planting) apportent déjà beaucoup. Il reste cependant des marges de manœuvre sur le matériel pour progresser encore sur la régularité des distances entre pieds voisins. Avec la parfaite maîtrise des profondeurs, cette amélioration de la régularité de placement homogénéiserait la croissance dans la parcelle. Faut-il aller jusqu’à uniformiser le sens dans lequel repose la graine au fond du sillon ? Si des universitaires américains ont observé que gérer ce paramètre pouvait améliorer d’au moins 10 % le rendement par rapport à une dépose aléatoire, il semble difficile d’envisager un matériel capable de réaliser le rêve d’une dépose des graines toujours dans le même sens.

Dans les zones d’élevage surtout, des producteurs de maïs rationalisent leur besoin en matériel. Une cuma du Morbihan a investi dans ce semoir qui dispose de deux lignes de semis en écartement respectif de 30 cm et 15 cm. Des adhérents l’utilisent pour quasiment toutes leurs cultures, maïs inclus.

Le climat et surtout l’énergie bousculent les repères

Conserver au fil des années le même écartement des rangs dans les champs de maïs ouvre enfin grand la porte aux agriculteurs convaincus par l’intérêt de faire circuler leurs engins toujours aux mêmes endroits du champ. Et le maïs accepterait une telle évolution. À densité de semis constante, resserrer les rangs de 80 à 60, voire 40 cm, n’a en effet pas d’impact (ou un impact très légèrement positif) sur le rendement d’après les essais.

Il est également envisageable d’en profiter pour augmenter la dose de semis. Et de passer de 80 000 à 90 000 ou 95 000 grains par hectare, par exemple. Mais si le rendement se bonifie, ce sera à condition que la disponibilité en eau et le volume d’intrants engagés (l’azote en premier lieu), suivent. À voir si une telle intensification d’une culture particulièrement dépendante des cours de l’énergie est pertinente pour l’exploitation.

Des températures de plus en plus élevées

En effet, la volatilité de ce marché impose de modérer les stratégies productivistes. Avant de s’intéresser au potentiel de rendement, les décisions culturales devront sans doute sécuriser un faible recours au séchage. En plus de considérer une nécessaire résistance aux caprices de la météo. Entre la période 1960 à 1990 et la période 1990 à 2020, la somme de températures a déjà augmenté de 165 degrés-jours sur le cycle de référence de la culture. Cela signifie que les maïs des années 2020 génèrent une demande d’évapotranspiration accrue par rapport aux précédentes références.

Or, les cumuls pluviométriques, eux, restent stables, et avec une répartition moins constante. Par voie de conséquence, les producteurs doivent faire face à une augmentation de la fréquence des situations de déficit. L’élévation des températures ne sera pas obligatoirement traduite par un déplafonnement du rendement, malgré les origines tropicales de la plante.

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