Pas d’hivernage pour l’atelier. Á la cuma du bocage ornais, à la Ferté-Macé, au moment où la nature ralentit et où le calendrier des travaux s’aère, l’équipe de salariés reste en éveil. Sur les deux derniers mois de l’année, tous les matériels sont nettoyés, revus, pour commencer la prochaine année du bon pied. «Pour les épandeurs, on fait la révision en fin d’été, pour tout le reste, c’est à ce moment-là», explique le président, Christophe Delange. Et il y a du boulot: deux ensileuses, trois moissonneuses, trois tracteurs, des remorques, des outils de travail du sol, deux big ballers, des rounds… «on doit avoir 50 ou 60 matériels.»
De l’organisation
L’objectif est simple: «quand on prend un matériel, il faut qu’il fonctionne», ou au moins, qu’une éventuelle panne puisse être vite résolue, et si possible à moindre coût. La révision d’hiver est un moyen de voir quelles pièces paraissent trop fatiguées pour assurer encore une campagne complète. «Par expérience, on sait aussi à quel moment ça devient risqué de ne pas changer une pièce», poursuit le responsable. «Un roulement d’éclateur, c’est prévu pour 1.500ha», donc quand l’heure approche… «Cet hiver nous en avons changé un qui avait fait plus de 1.200ha.» Sachant que chaque ensileuse assure le ramassage d’un peu plus de 400ha, l’opération a été anticipée, toujours par soucis de qualité du service.
Morte-saison, pièces adaptables et internet
Autre exemple avec les pièces d’usure, où la logique peut être différente: la cuma commande et garde en stock pour faire le changement «quand on jugera qu’il faut le faire.» Car l’intérêt du passage en revue en fin d’année est de profiter de la morte saison. C’est un moyen de limiter le coût de cette stratégie d’entretien. «On peut avoir 15 à 20 % sur certaines pièces», évalue Christophe Delange.
«On passe une commande pour des pièces adaptables chez Landa.» Sur son site, le fournisseur promet des tarifs jusqu’à 30% moins élevés qu’ailleurs. La cuma en profite pour «des tôles d’usure, des chaînes, des scies, des filtres…», mais pour les pièces les plus sensibles, par exemple, les couteaux d’ensileuse, elle préfère passer par le concessionnaire. Même chose pour l’huile: «il y a peut-être une différence de 500 ou 600€, mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle?» Là encore, la cuma joue la carte de la sécurité.
Écoutant des bruits dans la campagne soufflant que des économies potentielles importantes s’y dénichent, les agriculteurs du groupe se sont aussi penché sur leur clavier d’ordinateur… Sans vraiment passer le pas jusqu’ici: «Cet été, pour une machine en panne, nous avons fait changer une pièce avec la garantie. J’ai regardé à titre d’information : si nous avions dû l’acheter, nous aurions eu une différence de 15%», soit environ 750€ gagnés, «en passant par internet.» Pour autant Christophe Delange reste méfiant : «il faut vraiment tout regarder.» La différence n’est pas toujours aussi spectaculaire. Elle est même parfois inexistante. Sans compter un délai de livraison vite rédhibitoire, entre un concessionnaire qui aura la pièce au plus tard le lendemain et le site qui annonce 5 à 10jours. Le président de la cuma justifie encore sa frilosité vis-à-vis d’internet: «nous avons aussi l’envie de maintenir une bonne relation avec le concessionnaire», qu’elle n’appelle donc pas que pour faire de la réparation urgente.
Chauffeur-mécanicien, à parts égales
Les trois salariés de la cuma sont une pierre angulaire du système. Ils sont chauffeurs pour 50% de leur temps et font de l’entretien et des réparations pour l’autre moitié de leurs heures. «C’était un objectif lors de la création de l’atelier», explique le président de la cuma. Il justifie que faire faire les interventions à un tiers coûte vite 50€/h, soit deux fois plus qu’un salarié de la cuma.
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