Conflit en Ukraine: +200€/ha d’engrais azoté

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Conflit en Ukraine: +200€/ha d’engrais azoté

Le conflit en Ukraine fait augmenter fortement le coût des engrais azotés. (Crédit: Adobe Stock)

Lors d’une conférence sur les marchés céréaliers le mercredi 9 mars, les analystes de FranceAgrimer ont décrit le chamboulement actuel des marchés céréaliers dans le monde. Les chiffres à retenir.

Article mis à jour le 15 mars 2022, compte tenu de l’actualité notamment la guerre en Ukraine voici de nouvelles informations :


Le conflit en Ukraine a l’effet d’une bombe sur les marchés céréaliers mondiaux. Les dérapages des prix des céréales découle directement du théâtre de guerre où s’affrontent deux pays dominants dans la production de céréales: l’Ukraine et la Russie. Et dans une certaine mesure la Biélorussie. L’Ukraine est directement touchée sur son territoire. Or c’est un grand exportateur de céréales. Notamment de blé vers l’Indonésie et l’Egypte. Elle exporte aussi beaucoup d’orge vers la Chine et la Turquie. Du maïs vers la Chine également, mais aussi l’Espagne, les Pays-Bas…

De surcroît, l’absence d’informations fiables sur les prochains développements du conflit, perturbe les analystes et les courtiers en grains. Elle nourrit aussi les risques spéculatifs.

Entraves au fret maritime

Certains imaginaient que cette confrontation allait prendre le visage d’une guerre éclair. Mais la conflagration dure. Les craintes portent désormais sur Odessa. Un port essentiel pour l’Ukraine où s’écoule une grosse partie de ses exportations de blé, maïs et tournesol. Une liaison ferroviaire de substitution pour le fret des céréales ukrainiennes, via la Roumanie et la Bulgarie, a été mise en place. Mais elle ne compense pas, loin s’en faut, le débit habituel assuré par la voie maritime.

On redoute aussi l’impact du conflit sur les semis de printemps en Ukraine. Y aura-t-il suffisamment de carburant?  D’intrants (engrais, semences et pesticides)? De main d’œuvre?

Des céréales inaccessibles avec le conflit en Ukraine?

La guerre ne sera pas sans conséquence sur l’alimentation des populations. Exemple: le Liban ne dispose seulement que d’un mois de consommation de blé, en stock! La sécurité alimentaire est menacée dans d’autres pays comme l’Irak. L’Egypte, premier importateur de blé tendre au monde est confrontée aussi à la tourmente des prix. Ses deux appels d’offres pour une livraison de blé en avril ont été infructueuses. En cause: peu d’offres et des prix trop élevés!

Le caractère stratégique du blé, risque d’entraîner des effets de panique sur les marchés et faire naître des crises sociales et humanitaires.

Davantage d’exportations de blé tendre

Du côté des pays exportateurs, on veut d’abord garantir l’approvisionnement des marchés intérieurs. Ainsi, le Ministère de l’agriculture hongrois a momentanément interdit les exportations de céréales. En Europe, les conditions de cultures des céréales emblavées sont globalement satisfaisantes. Même si au Sud (Espagne, Italie, Portugal, France), les précipitations hivernales sont jugées insuffisantes.

En France, on espère de bonnes perspectives de rendements. Le stock initial de céréales est stable. Dans ce contexte, FranceAgriMer prévoit «Une forte augmentation des prévisions d’exportations en blé tendre, notamment vers les pays tiers, et des exportations de maïs vers l’Union européenne dans un contexte d’arrêt des exportations ukrainiennes pour approvisionner le marché mondial (conflit Russie-Ukraine, ports bloqués en Mer noire, etc …)».

En conséquence, la tension sur les prix ne faiblit pas. Les cotations Euronext pour le blé meunier s’élèvent à 395€/t le 8 mars. Soit +108€/t depuis le 23 février. Le maïs n’échappe à cette spirale. Le cours a augmenté de 82€/t depuis le 23 février pour atteindre 379€/t le 3 mars pour l’échéance proche.

Risque de décapitalisation dans les élevages

Cela impacte le budget alimentaire des ménages. Mais aussi les prix de l’alimentation du bétail. Ce qui plonge une bonne partie des éleveurs (notamment les élevages hors-sol, très sensibles au prix de l’aliment) dans le désarroi. Sur ce sujet, FranceAgriMer observe: «une diminution des prévisions d’utilisations de blé en alimentation animale sur le marché français, en raison de la décapitalisation des cheptels et de l’influenza aviaire dans les élevages de volailles, d’où une baisse d’activité pour le secteur de la fabrication d’aliments du bétail en France».

Difficile à ce stade de prédire l’avenir. Les cours étant entachés d’une forte volatilité. D’autant plus que les sanctions prises par les pays occidentaux dégradent un peu plus l’équilibre des marchés. Exemple: le blocage de l’accès au système de paiement international SWIFT à certaines banques russes, peut déstabiliser le courant habituel des affaires.

+200€/ha d’engrais azoté

En cascade, d’autres marchés agricoles connaissent des soubresauts. La production d’engrais azotés notamment, est directement impactée par les hausses vertigineuses des prix du gaz. Le marché était déjà tendu. Les prix ont été multipliés par 3 en quelques semaines! Le Ministère russe du commerce et de l’industrie a recommandé début mars aux producteurs d’engrais de suspendre leurs exportations.

Pour un agriculteur français, ce coup de chaud sur le prix des engrais azotés représente, «pour le moment», un supplément de charge évalué autour de 200€/ha. On le voit cette déflagration, telle une grenade dégoupillée, bouleverse les marchés nationaux et internationaux des produits alimentaires et pèse sur le sort des agriculteurs. Dans son sillage, cette crise menace aussi l’accès à l’alimentation de millions de personnes…

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