Conditions de travail des salariés agricoles: « le pire et le meilleur »

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Conditions de travail des salariés agricoles: « le pire et le meilleur »

Il y a du très bon et du moins bon dans les conditions de travail des salariés agricoles en France.

L'association des salariés agricoles de France a réalisé fin 2022 une grande enquête sur les conditions de travail de ses adhérents. Elle révèle, selon sa propre analyse, "des conditions de travail très diverses, du meilleur au pire". Compte-rendu.

Pour comprendre « pourquoi certains salariés sont bien dans leur métier et d’autres pas », l’association des salariés agricoles de France a souhaité réaliser « une enquête qualitative et de terrain » sur les conditions de travail des salariés agricoles. Le tout, « dans un contexte marqué par une tension pour trouver des salariés agricoles », et de « manque d’attractivité de la profession ».

Des résultats révélés lors du Salon international de l’agriculture

Il s’agit d’une première pour l’association, qui a réussi à rassembler plus de 400 réponses, « un panel qui offre une photographie réaliste des salariés de la production agricole en France », dans toute leur diversité.

Les auteurs ont souhaité laisser un maximum de place aux réponses ouvertes pour obtenir des réponses précises et qualitatives, sans pré-suggérer de réponses. Le tout pour obtenir une image réaliste des conditions de travail des salariés agricoles en France.

L’enquête était anonyme, « mais 50% des salariés ont laissé leur mail pour recevoir les résultats », notent les auteurs,

Conditions de travail des salariés agricoles: il y a du très bon…

84% des répondants indiquent trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

82% sont totalement satisfaits de leurs dates de congés. Et ce, même si 61,4% des répondants indiquent que les congés ne sont pas anticipés.

Pour 74% des répondants, les horaires de travail sont clairement définis et respectés

Les verbatims des participants laissent aussi entrevoir une véritable passion pour leur métier. A l’image de la passion qui anime bon nombre d’agriculteurs.

…et du beaucoup moins bon !

Ces verbatims font aussi apparaître des salariés globalement fatigués. Certes, il y a peut-être, comme dans toute enquête, une sur-représentation des profils insatisfaits. Toutefois, étant donné la difficulté des agriculteurs à recruter et fidéliser, ces voix-là sont importantes.

« Certains répondants disposent d’équipements complets: salle de pause aménagée, lave-linge, sèche-linge, douche et machine à laver… mais 25% n’ont pas de WC et 39% n’ont pas de salle pour déjeuner« , notent les auteurs.

« Lorsque les Équipements de protection individuels (EPI) sont mis à disposition, cela est fait de façon très satisfaisante », note les auteurs de l’étude. En plus, « il n’est pas rare [dans ces cas] que l’employeur fournisse aussi des bottes et des vêtements de travail », notent-ils.

Mais un tiers des répondants ont indiqué que leur employeur ne leur fournit pas d’EPI. « Il leur manque en priorité des masques à cartouche, les chaussures de sécurité, le casque et même les gants. »

Sécurité, avantages, entretien individuel: de grosses marges de progression

Dans le même esprit, un répondant sur cinq (20%) ne se sent pas en sécurité sur son lieu de travail, par crainte « d’un accident ou d’une maladie professionnelle. Les risques psycho-sociaux sont aussi cités. » Et 46% ne savent pas si un Document unique d’évaluation des risques existe sur l’exploitation.

A titre de rappel: toute entreprise employant des salariés (même stagiaire) a l’obligation légale de réaliser et d’actualiser son Duerp. Ce dernier étant un bon outil pour protéger la sécurité et la santé des chefs d’exploitation également.

Reconnaître les compétences

Moins de 45% des répondants sont au courant de l’existence de la « nouvelle » Convention collective des salariés de la production agricole et des cuma. La moitié de ceux qui la connaissent, et qui savent que leur employeur la respecte, ne sont pas satisfaits de la classification de leur emploi (qui détermine le plancher de rémunération attaché à cet emploi).

« Ils estiment », expliquent les auteurs, que le positionnement attribué ne correspond pas à leur qualification et ont le sentiment d’être sous-évalués par rapport à l’ensemble des tâches qu’ils effectuent. » D’ailleurs, 50% indiquent ressentir une pression au travail, liée, selon les auteurs, « à la multiplicité des compétences demandées. »

Entretien annuel: « un vrai manque »

« 60% des répondants n’ont pas d’entretien annuel avec leur employeur ». Les auteurs de l’étude constatent qu’il s’agit « d’un vrai manque. »

Enfin, 76,6% des répondants ne bénéficient d’aucun avantage lié à leur emploi. Sur ce thème encore, il existe « une grande disparité de traitement », notent les auteurs. « Il y a ceux qui n’ont aucun avantage et d’autres qui au contraire en ont plusieurs. »

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