« On est dans une situation de plus en plus préoccupante sur la santé des végétaux », a déclaré Roger Genet, directeur général de l’agence de sécurité sanitaire Anses, lors d’un point presse au salon de l’agriculture. « On avait jusqu’à l’année dernière trois émergences majeures », a-t-il rappelé: le nématode du pin, un ver microscopique responsable de dépérissements chez les conifères, qui menace la forêt des Landes; Xylella Fastidiosa, une bactérie célèbre pour s’attaquer aux oliviers notamment en Italie et repérée sur d’autres plante dans le sud de la France; et la bactérie du dragon jaune, qui décime les agrumes, déjà implantée dans une partie de l’outre-mer. Et « depuis 2019, on a trois émergences de ravageurs supplémentaires », a poursuivi M. Genet.
L’Anses place dans cette deuxième vague la mouche des fruits, déjà identifiée sur le territoire français; la maladie de Panama, provoquée par un champignon et susceptible d’avoir un impact important sur la production de bananes; et le tout récent virus de la tomate, apparu dans le Finistère.
Pas de plantes dans les bagages
« Quand on a des crises sur les végétaux, on n’a pas d’antibiotiques, la solution, c’est l’éradication et empêcher les introductions », a souligné M. Genet. « C’est l’intensification des échanges et le changement climatique qui font qu’il y a un certain nombre de ravageurs qui s’implantent durablement. »
C’est pour l’ensemble de ces raisons que l’Organisation des nations unies a proclamé 2020 année internationale de la santé des végétaux. A part l’éradication, « pour les virus, il n’y a rien à faire », a confirmé François Luro, généticien à l’Institut français de recherche Inrae, présent au salon.
L’accent est donc mis sur ma prévention. « Quand on interdit aux gens de ramener (de vacances) des fruits, des légumes, c’est vraiment pour protéger nos productions et l’environnement », rappelle Roger Genet.
« Les organismes nuisibles pour la santé des végétaux sont des facteurs importants de pertes de production, mais sont également porteurs de risques très importants pour la biodiversité dans le monde », a souligné Philippe Reignault, directeur de la santé des végétaux à l’Anses. D’où la nécessité, en l’absence de remèdes simples et efficaces, d’être plus vigilant que jamais pour anticiper les crises et permettre l’éradication des différents fléaux potentiels.
Le virus de la tomate dans le Finistère
Concernant le virus de la tomate, le premier foyer a ainsi été confirmé dans le Finistère un peu moins de deux semaines après une alerte de l’Anses. « Cette alerte a été vraiment importante pour nous permettre d’être en veille et détecter rapidement la présence du virus sur le territoire, d’avoir tous les éléments nécessaires pour que les mesures d’éradication soient déployées le plus rapidement possible par les autorités », a estimé M. Reignault.
« Ça nous inquiète, mais en même temps, ce sont des choses qu’on connaît et qu’on sait gérer dans le temps », a déclaré Laurent Bergé, président de l’AOP tomates et concombres de France. Il rappelle que d’autres virus ont déjà touché la tomate et que la profession s’en est remise, même si le dernier en date semble particulièrement virulent.
« La priorité, c’est de rester la tête froide et on fera évoluer notre plan de surveillance, selon la progression du virus », a-t-il ajouté, espérant toutefois qu’on ne découvre pas d’autres foyers. Trois autres exploitations font l’objet de tests et les doutes n’ont à ce jour pas été levés, selon l’Anses. Le virus de la tomate peut infecter jusqu’à 100% des plantes sur un site de production, ce qui le rend redoutable pour les cultures à haute densité de plantation comme les cultures sous serre. En revanche, il n’a pas d’impact sur l’homme.