Bien récolter avant de semer. Le taux d’humidité enfin acceptable, la machine verte se lance, avec sa barre de coupe de 6 m et son sac-à-dos bleu de 15 m3. Depuis Bais, son port d’attache, la John Deere 9640-WTS a voyagé 2h15, jusqu’aux environs de Maure-de-Bretagne où deux agriculteurs avaient une dizaine d’hectares à lui faire avaler.
Vincent Lévêque, salarié de la cuma l’entraide, à Bais, constate : « c’est la quatrième saison que la machine fonctionne avec le caisson » et elle n’est sollicitée que par des adhérents en système conventionnel. « D’habitude, on ramasse 0,7 à 1,4 t/ha de menue paille. Là, ça sera peut-être un peu plus. »
Dans son champ de blé panifiable où rumex et folle avoine sont visibles, Jean-Paul Hignet regarde la machine de la cuma l’entraide avancer. Chez l’agrobiologiste, c’est la première fois qu’un chantier se fait avec un caisson récupérateur de menue paille.
Une première pour enclencher un mouvement
L’agriculteur à l’initiative de l’évènement concède : « l’idéal aurait été d’avoir une plus grande surface à faire. » Mais l’organisation du déplacement a été tardive et l’essentiel était de faire venir une telle machine dans le secteur pour expérimenter la technique, avec l’espoir d’une suite.
Pour l’an prochain, Jean-Paul Hignet envisage en effet que d’autres voisins intègreront le mouvement qui devrait concerner un potentiel « d’une cinquantaine d’hectares. » Beaucoup, si ce n’est tous, en bio. « Dès lors qu’on parle désherbage, tous les bios vont être particulièrement intéressés », explique l’agriculteur en système grandes cultures. En agrobiologie, sans prairie dans la rotation : « la gestion des adventices est compliquée. »
Un élément du rouage
Fort du précédent constat, Jean-Paul Hignet met en œuvre une multitude de leviers, préventifs ou curatifs, avec des cultures particulières, comme le sarrasin, ou des techniques comme le binage qu’il a aussi pratiqué pour la première fois pour ce blé implanté sur une parcelle « où la pression est particulièrement forte. »
La récupération de la menue paille est donc sa dernière expérimentation en date. Ce qui l’intéresse en premier lieu, c’est de sortir les graines d’adventices du champ pour moins enrichir le stock semencier et ainsi réduire la pression sur l’ensemble de la rotation. Les effets ne seront pas forcément visibles dès l’an prochain. Mais, « quand on parle, d’agriculture durable, il faut avoir conscience que le résultat s’évalue sur le long terme », estime Jean-Paul Hignet.
Une charge
Dans l’immédiat et en attendant d’en récolter les fruits, en termes purement économiques, la récupération de menue paille sera une charge. « Le coût à l’hectare est de 150 €, soit 25 à 30 € de plus que la récolte sans caisson », explique le président de la cuma l’entraide, Sébastien Lodiel. Pour s’équiper, « l’investissement avait été de 40 000 € », complète Vincent Lévêque. « Sans compter les 150 heures de travail pour le monter. »
Cette année, Jean-Paul Hignet n’aura que peu ou pas de produit à mettre face à cette charge. Car trop vert, notamment à cause des repousses importantes de trèfle, son tas de menue paille se destinait, dans le meilleur des cas, à la méthanisation. Mais pour lui, ce jour-là, l’essentiel n’était pas là.
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