[Avis] Un robot Energreen pour entretenir les vignes pentues

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[Avis] Un robot Energreen pour entretenir les vignes pentues

À l'aise dans la pente et le dévers, le robot télécommandé d'Energreen est capable de tourner sur lui-même.

Au Clos Paulilles, sur le cru Banyuls dans les Pyrénées-Orientales, le cheval qui arpente les parcelles les plus difficiles cohabite avec le dernier arrivé, un robot radiocommandé.

L’idée est venue d’une rencontre impromptue avec ce type d’engin perché dans la garrigue et occupé à défoncer la végétation en place dans une zone de pente déjà fort honorable.« On a alors cherché un modèle plus petit, parce que cela nous semblait évident que nous pouvions faire passer ces engins dans nos parcelles. Mais cela n’a pas été simple. Ce sont des engins imposants, souvent utilisés par les collectivités pour nettoyer les bords de route ou servir sur les chantiers », explique Quentin Mayer, chef de culture du Clos Paulilles. C’est en Italie qu’ils trouveront le matériel dont ils ont besoin : un robot télécommandé Energreen mesurant 1 m de large, développant 25 ch et acquise avec un broyeur à fléau.

Robot télécommandé Energreen : 3 km/h seulement, mais il tourne vite

robot Evergreen telecommande

Le robot télécommandé Energreen se conduit très instinctivement à l’aide d’une commande avec une portée de 150 m.

« La taille correspondait, c’est un engin facile à transporter en camion d’une parcelle à l’autre, et c’est simple à piloter. Mais ce n’est pas un robot autonome au sens où on l’entend. L’opérateur reste à proximité, même si le rayon d’action va jusqu’à 150 m. Je ne suis pas sûr que l’on pourra un jour disposer de solutions autonomes pour nos parcelles si particulières », ajoute-t-il. « Quand la machine est arrivée, au printemps dernier, nous avons construit et adapté un cadre pour gratter le sol. » Il n’y avait plus qu’à.

« Très contents des résultats »

« Nous sommes très contents des résultats que nous avons obtenus ce printemps », ajoute Lionel Lavail, directeur général de la maison Cazes qui appartient eu groupe Advini, avant de reconnaître que l’année 2023 n’est pas non plus vraiment normale. La sécheresse a sensiblement limité la pousse de l’herbe, donc les travaux de désherbage.

travail du sol en surface

Les mécaniciens de la maison Cazes ont construit un cadre pour atteler un outil qui permet de travailler le sol en surface.

« Il faudra voir dans des conditions habituelles. » Savoir si le léger travail du sol, les griffes pénétrant peu dans le sol, la vitesse de travail, le temps passé, sont suffisants pour maintenir l’herbe hors des rangs. Quentin Mayer précise : « Le robot télécommandé Energreen avance à 3 km/h, mais là où il gagne beaucoup de temps par rapport à un chenillard, c’est en bout de rang, parce qu’il tourne sur lui-même. »

Sur le domaine, le robot a permis de remplacer le travail habituellement effectué avec les chenillards. « Ce sont des engins pour lesquels, compte tenu du risque de renversement et du danger que cela représente, nous avons du mal à recruter du personnel. »

L’accident survenu à Bruno Servant, vigneron réputé du cru Banyuls dans ses vignes non loin de là en 2022, n’a certainement pas renforcé la popularité de ces engins dans le secteur.

Des travaux dans des parcelles à 20 ou 25°

Jusqu’à quel dévers encaisse l’engin ? « Il est donné pour 55°, mais dans la vigne, on ne peut pas atteindre ces valeurs puisqu’il se met en crabe. Les rangs ne sont pas assez larges pour qu’il puisse évoluer dans ce type de pente, mais chez nous, il travaille régulièrement dans des parcelles à 20 ou 25°. »

robot télécommandé Energreen

Le moteur thermique développe 25 chevaux et est équipé d’un système hydraulique pour les outils qu’il embarque. Seul défaut, il chauffe beaucoup et implique que les opérateurs soient prudents à cause du risque d’incendie.

En vitesse de croisière, l’engin permet de travailler cinq fois plus vite que la même tâche réalisée manuellement. Et dans la pratique, l’opérateur reste à proximité de l’outil, pour contrôler l’avancée visuellement. « Quand vous avez un engin qui mesure 1 m de large dans des rangs de 1,25 m, il faut garder l’œil quand même ! Pour nous aujourd’hui, le robot vient en complément du cheval que nous sommes obligés de conserver, parce qu’il y a des parcelles tellement pentues qu’on ne peut pas faire autrement. »

Cher à l’achat mais…

« Alors c’est vrai, c’est cher à l’achat ce type d’engin, on n’est pas loin du prix d’un tracteur, autour de 30 000 €, mais il faut mettre en face le retour sur investissement. Si on ajoute la main-d’œuvre, cinq à six personnes pour un poste très coûteux qu’il faut consacrer à cette tâche, et qu’on ne parvient plus à recruter, l’efficacité… La vitesse de travail est étonnante, c’est dix fois plus rapide que la main humaine… Pour nous, avec les surfaces que nous avons à désherber, c’est amorti sur un ou deux ans, au maximum », calcule rapidement Lionel Lavail.

robot télécommandé Energreen

À l’aise dans la pente et le dévers, le robot télécommandé d’Energreen est capable de tourner sur lui-même.

De quoi donner des idées à d’autres vignerons du cru ? « Le prix d’achat peut être rédhibitoire pour un petit domaine, alors nous discutons avec La Rectorie, Philippe Gars et d’autres, pour plancher sur la création d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole qui permettrait l’achat d’un second robot à utiliser collectivement… »

Au-delà de l’agronomie et des bons résultats enregistrés pour cette première saison, ce que Lionel Lavail retient aussi, c’est l’amélioration des conditions de travail.

« Dans une logique de responsabilité sociale des entreprises, c’est un facteur qui pèse aussi lourdement. Nos salariés sont formés à conduire un engin radioguidé, pas à manier une pioche. Ils veulent tous le faire. Nous vivons la même chose sur nos vignobles de Rivesaltes avec le tracteur électrique. »

Monter un pulvé sur le robot télécommandé Energreen ?

Si l’engin a fait ses preuves, les équipes techniques de la Maison Cazes planchent maintenant sur des adaptations pour aller au-delà du simple désherbage. Pour pouvoir l’utiliser, en adaptant un pulvérisateur pour les traitements de la vigne par exemple.

« Avant ce robot, nous avons regardé du côté des drones, mais ce n’est pas aussi facile à mettre en œuvre. C’est complexe à manœuvrer, il y a souvent du vent ici, la charge utile n’est pas très importante… Ce n’est pas satisfaisant, c’est pourquoi nous réfléchissons pour adapter un de nos pulvérisateurs à cet engin, nos mécanos sont créatifs ! Alors bien sûr on n’embarquera pas 1 500 l d’un coup, plutôt 150 ou 200 l, mais ce sera toujours mieux que de porter un pulvé de 30 kg sur le dos dans des pentes de schistes à 50 %. »

Lionel Lavail estime aussi qu’on peut aussi utiliser ce type de matériels pour d’autres usages, le doter d’un GPS, établir des relevés de vitesses, de rendements… S’appuyer sur la technique la plus moderne pour conforter le système de production bio dans le terroir de Banyuls.

Et Quentin Mayer voit même plus loin encore. « Cela nous permet aussi de voir l’avenir un peu différemment. On peut imaginer défricher des parcelles abandonnées pour replanter. Alors que ces parcelles avaient été abandonnées parce qu’impossible à mécaniser justement. » Pertinent, alors que le cru réfléchit à prendre de l’altitude pour atténuer l’impact du changement climatique.

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