En 2016, la cuma des Volontaires s’est équipée d’un semoir Sky Easydrill pour faire du semis direct. Une dizaine d’adhérents l’a déjà utilisé pour environ 200ha sur la première campagne. Dans le même temps, un groupe de sept exploitations s’est constitué en GIEE pour travailler sur l’autonomie alimentaire, ainsi que pour approfondir les Techniques culturales simplifiées (TCS). Fin septembre, ce groupe s’est rendu à Dhuizon, dans le Loir-et-Cher, sur la ferme de Frédéric Thomas, qui conduit son exploitation en grandes cultures sans labour depuis 18ans. Ils y ont rencontré Franck Baechler, intervenant indépendant qui travaille étroitement depuis quelques années avec Frédéric sur son exploitation. Franck était déjà intervenu sur les TCS aux différentes AG départementales de l’Union des cuma des Pays de la Loire en début d’année.
L’élevage comme outil, avant d’être une source de revenu
Pour Franck Baechler, réintégrer de l’élevage dans un système de cultures est un levier très intéressant pour améliorer la fertilité des sols. Les animaux sont un outil pour pré-digérer et détruire les couverts et, en même temps, une source d’apport de matière organique nécessaire pour nourrir les micro-organismes du sol. Des comparaisons sur de longues durées devraient voir le jour afin d’apporter plus de références: l’objectif sera de comparer un système de cultures avec apports de compost à un système de cultures avec élevage.
Pour sa part, Franck a acheté quelques Aberdeen Angus. Pourquoi cette race? «Elles sont de petite taille (ce qui implique peu de tassement du sol), rustiques, sans cornes et calmes.» Notons qu’avec ce troupeau, il acquiert sa première expérience de manipulation d’animaux. Au-delà, avec une qualité de viande reconnue, l’éleveur compte sur un développement relativement facilement de la vente directe. Son objectif est d’avoir 10-15mères qui ne seront nourries qu’au pâturage d’herbe et de couverts et au foin.
Un éleveur de brebis solognotes vient également optimiser le système de production mis en place sur l’exploitation de Frédéric. Il fait pâturer son troupeau dans de petits paddocks, en le déplaçant tous les jours.
Le Compil, un outil polyvalent
Aussi utiles qu’ils soient, les ruminants ne font pas tout. Le groupe s’est aussi intéressé aux outils de travail du sol. L’idéal est d’avoir toute une panoplie d’outils à dents et à disques pour pouvoir choisir celui le plus adapté aux conditions de sol et à l’objectif recherché. Les cuma sont en cela des espaces intéressants: on y mutualise les coûts pour accéder à un meilleur niveau d’équipements.
Sur l’exploitation, la visite passe par le Compil de Christophe, un voisin qui travaille depuis de nombreuses années avec Frédéric Thomas. Attelé sur un 140ch, avec éventuellement un semoir à l’avant, cet outil est très polyvalent. Il permet de déchaumer, de gérer des couverts, de semer en un seul passage, et tout cela pour un coût de 90€/ha, main-d’œuvre et fioul compris.
Les couverts, clé de la réussite
Franck poursuit avec une parcelle de repousses de colza. Ici, les repousses sont suffisamment abondantes pour constituer un bon couvert hivernal. Il imagine que celui-ci «sera peut-être pâturé au cours de l’hiver». En attendant, c’est une bonne pompe à azote et à eau. L’objectif est d’assécher un maximum le profil avant l’hiver, pour que la réserve utile se remplisse au fur et à mesure de l’hiver, tout en conservant une bonne porosité du sol, favorable à l’activité biologique.
Plus loin, dans une parcelle où a été semé un couvert «vide ta grange», tournesol, vesce, féverole, pois, lin, phacélie, radis structurator, avoine strigosa… forment une flore luxuriante. «Nous sommes à plus de 5t de matière sèche de biomasse produite par hectare», précise l’intervenant.
Attention, il faut être vigilant avec les couverts. Ces derniers sont capables de piéger une grande quantité d’éléments, mais ces derniers ne seront pas disponibles de suite pour la culture suivante (car laissés à la surface et non enfouis), ce qui peut entraîner des faims d’azote en début de cycle par exemple.
Une suite pour le groupe
Ce tour de parcelles a fini de convaincre le groupe qu’améliorer la fertilité du sol peut leur permettre d’optimiser leur système de cultures. Le groupe GIEE se retrouve donc autour d’une table pour construire un programme de formation sur l’année 2018. Franck Baechler viendra sur trois fermes du groupe en janvier, février et mars. Lors de chacune de ces matinées, le groupe ira sur différentes parcelles pour évaluer la fertilité des sols et faire le point sur les essais mis en place par l’éleveur. L’après-midi sera consacré à une réflexion collective de propositions pour l’exploitation étudiée. Même si ce n’est pas sur sa propre ferme, chacun est certain d’en retirer des idées et des méthodes apportées par le groupe et l’intervenant, à adapter chez lui.
Le contexte pédoclimatique Dans le Loir-et-Cher, le groupe de Loire-Atlantique a rencontré une pluviosité proche de celle qu’il connaît, environ 700mm/an. Les sols sont sablo-limoneux mais avec beaucoup d’argile au fond du profil, ce qui leur donne une alternance hydrique très forte: très sec l’été et très humide l’hiver. Les potentiels classiques sont très limités: environ 35-40q en blé et 5-15q en colza. Le travail réalisé par Frédéric depuis 18 ans sur le travail du sol et l’apport de compost enrichi (30t/ha pour 3ans) a permis d’augmenter ces potentiels à 55-70q en blé et 15-20q en colza. |
A lire et à voir aussi: L’interview de Franck Baechler à l’occasion des AG des section de l’Union des cuma.